AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BERKOUK


Un corps payé pour se taire

Ce témoignage d'une femme emprisonnée par le désir et par le regard des autres, à dénoncer le refoulé qu'est depuis toujours le métier de vendre son corps pour le plaisir des autres, tant cette question du désir hante le trottoir et les nuits de toutes nos villes, c'est saisissant.

Justesse et sobriété rendent à ce texte le murmure et la souffrance de celles que l'on ne regarde d'ordinaire qu'avec convoitise et mépris. Yolande donne la voix au refus de voir, elle qui n'a pu se voir qu'avec les yeux et le sexe des autres, et comment le désir, animal fougueux, déborde la nomenclature de la protection des mineurs.
Elle parle dans l'alcôve de son manque, de sa brûlure, et de sa misère en quête d'autre chose que cette mécanique du désir. Sans accuser personne mais avec le cri vital de ne plus supporter la mascarade entretenue face à ce refoulé de nos civilisations : le désir, même visible jusque dans les rues, n'est pas vu, pas compris, mais surtout n'est pas entendu.

Cet objet insaisissable des fantasmes d'une mécanique érotique, ce corps voilé dévoilé, battu, insulté, ce corps traîné, ce corps payé pour se taire, c'est nous-mêmes.

Yolande dit les mots justes, elle dit tout, jusqu'au bout, à déchirer le voile qui cache ce qui se cherche derrière et devant ce désir, l'amour, au fond, lorsqu'on a tout perdu de l'image de soi, par où le laisser nous pénétrer ?
Les larmes de Yolande.
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}