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Critique de mh17


J'ai beaucoup aimé ce court roman qui propose une immersion dans le corps et l'esprit d'un trentenaire solitaire -un tantinet excentrique- en quête de sens. le jeune homme est un commercial anonyme qui vend du gel-douches et des parfums. Chaque jour à l'heure de la pause déjeuner, il s'échappe de la jungle urbaine surchargée de publicités, s'affranchit des convenances et pénètre dans le parc Hibiya à Tôkyô. Là Il desserre sa cravate, ferme les yeux à peine quelques secondes puis relève d'un trait la tête en direction du ciel. Il savoure alors un délicieux vertige. M Kondo son voisin de banc qui s'y essaye avec application n'y arrive pas. (Quant à moi j'essayerai demain ou après-demain). Or donc, ce jour là, dans le métro malodorant, le narrateur a regardé vaguement une publicité morbide pour un réseau de greffes d'organes de l'autre côté de la vitre. le slogan en était « Même après votre mort, une partie de vous continue à vivre ». le jeune homme a pointé son doigt sur la vitre et a souri sans le vouloir à une inconnue. Elle lui a sauvé la mise en partageant son malaise à voix haute. Il n'a pas osé poursuivre la conversation. Cette occasion manquée lui rappelle un amour de jeunesse. le narrateur est indécis, incapable d'agir et de vivre avec quelqu'un. Quand sa mère débarque à Tokyo pour faire des emplettes, il s'en va loger chez un couple d'amis qui ont déserté leur vaste appartement pour vivre chacun de leur côté. Ils lui ont laissé Lagerfeld, leur ouistiti indocile. Pendant qu'il marche, devise avec M. Kondo et d'autres habitués du parc tous un peu excentriques, le narrateur retrouve l'inconnue du métro, tenant un gobelet de Starbucks…
Le livre m'a plu car il parle de mal être, de solitude profonde d'une manière originale. On suit par bribes les perceptions du narrateur, ses rêveries, ses réminiscences. On saute du coq à l'âne comme dans la vraie vie. Sous les situations cocasses ou derrière l'excentricité des personnages se devinent détresse et angoisse. On perçoit l'impuissance du narrateur à survoler longtemps le parc et à faire partager son ivresse. On parle beaucoup du corps qui lui échappe, qui ne lui appartient pas. le récit use beaucoup des métaphores. le parc est un personnage vivant à part entière avec son étang en forme de coeur. Les personnages s'y croisent, se parlent, se séparent sans se comprendre. Ils semblent interchangeables comme les organes des poupées mannequins anatomiques que le narrateur regarde dans la vitrine du marchand de couleur. le narrateur semble ne pouvoir s'attacher à personne. Il paraît toujours fuir et se fuir. Et pourtant et pourtant il y a cette inconnue qu'il cherche et cherche encore.
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