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Critique de jovidalens


J'avoue ! Avoir pris tout mon temps pour le lire ce roman, pour me promener sur internet et trouver les photos, les blogs qui évoquent les sites et les temples qui ponctuent le parcour et de Musashi, et d'Otsu, et de Matahachi et d'Osugi !
Premier observation qui m'a interpellée, en Europe c'était aussi l'époque des duels et l'honneur bafoué était vite sur toutes les lèvres. Au japon aussi l'épiderme était ...chatouilleux, sauf qu'on y défendait plus une école qu'un hypothétique affront ! Mais tout de même, ce fut une époque où on risquait vite sa vie !
Autre observation : bizarre conception de l'honneur et du courage, qui ne se reconnaît jamais battu et arme une armée contre un seul homme, en accusant ce dernier de la pire lâcheté ! Etonnant et déroutant. Mais les vendettas capables de décimer des familles entières ne relèvent-elles pas du même processus mental ?
Dans plusieurs critiques, j'ai lu l'etonnement que les protagonistes se croisent si facilement sur les routes. D'une part le Japon est tout de même d'une superficie nettement inférieure à celle de la France, et les voyageurs utilisaient les mêmes routes, s'arrêtaient dans les mêmes auberges et trouvaient réfuges dans les mêmes temples. Il est fait allusion à la foule qui se retrouve sur un certain pont un jour de premier de l'an.

Alors, ce roman, qu'est-ce qui en fait sa propriété ?
La fluidité du récit ; il se lit avec facilité, à condition d'être attenif aux patronymes. C'est certainement là, une difficulté une difficulté pour s'y retrouver, mais beaucoup de romans policiers nous inondent aussi de personnages, ce qui ne nuit pas au plaisir de la lecture.
L'excellente idée de commencer par le désastre d'une défaite, et en contrepartie suivre l'évolution de deux jeunes têtes brulées. L'un est nanti d'une famille respectée, déjà promis à une vie stable puisqu'il est fiancé et l'autre est un chenapan, rejeté par sa mère, opprobe de son village. Et pourtant le courage n'est pas des deux côtés : si le premier choisi la facilité, le second s'engouffrera dans un chemin particulièrement difficile.
Ce que j'aime chez Takezo/Musashi c'est l'obstination humble qu'il mettra a dominer sa force brute par son intellect, son application à admirer, réaliser des oeuvres de ses mains maladroites mais dans lesquelles il est capable d'y mettre toute sa générosité. En s'isolant, d'abord au fin fond d'un château comme un ermite , puis en contact avec la nature, c'est son sang-foid qu'il développe avec un sens de l'observation et des réflexes exascerbés, bien utiles dans son apprentissage de samouraï.
Le côté fortement inspiré de la réalité historique, donne une dimension sereine au récit : certes les exploits ont été enjolivés mais ils ont rééllement eu lieu.
Un bon équilibre des personnages secondaires qui fonctionnent en couple-miroir, comme Otsu et Akemi, ou Osugi et Jotaru, et rappelle qu'il n'y a pas une seule vérité, une seule réalité.
Les combats sont décrits avec fougue et flamboiement sans jamais s'enliser dans le barbare et le trivial.
La poésie des descriptions qui dévoile, la beauté des paysages, l'ancienneté du raffinement des arts de vivre, l'osmose avec la nature est un autre attrait de ce récit et non le moindre.

Un très beau roman qui donne quelques clés ...
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