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Critique de brumaire


Troisième volet du Labyrinthe du monde," Quoi ? l'Eternité" nous replonge dans la saga familiale de Marguerite de Crayencour, alias Yourcenar.
Je dois dire en premier lieu que j'avais beaucoup aimé les deux premiers livres qui traitent des racines familiales de Marguerite, autant du côté paternel que maternel : riches familles de la haute bourgeoisie flamande mâtinées d'ascendances nobiliaires remontant jusqu'aux Croisades où tout le monde est cousin avec tout le monde. le propos de Marguerite Yourcenar était souvent acerbe et les traits au vitriol m'ont souvent fait jubiler.
Rien de tel dans "Quoi ? l'Eternité" ; je m'y suis ennuyé.
Certes la grande styliste est toujours présente, ses descriptions de la vie qu'avaient les grandes familles bourgeoises de la Belle Epoque sont saisissantes, brossées du haut de la grande considération qu'a Marguerite d'elle même , mais c'est un peu lassant à la fin cette litanie d'anecdotes , parfois séduisantes mais assez souvent...anecdotiques. D'autant que le ton détaché avec lequel l'auteure nous les conte n'incite pas le lecteur à l'empathie.
Dans ce troisième volet, laissé inachevé, elle nous entretient principalement de son père , Michel de Crayencour, qu'elle ne nomme jamais "mon père" ou "papa" mais simplement Michel , comme un bon copain.
Au demeurant certainement un homme remarquable d'après le portrait qu'en dresse sa fille même si elle a quelquefois la dent dure quand lui prend l'envie d'endosser le costume de juge.
On croisera aussi quelques personnages plus ou moins directement liés à Marguerite, beaucoup d'amis de son père, des amies de sa mère , et le menu fretin des serviteurs car Marguerite ne dédaigne pas descendre de son Olympe pour frayer avec le commun.
D'elle peu de choses sont dites. le récit se termine à l'époque de la Première guerre mondiale quand Marguerite avait une dizaine d'années.
Plus qu'une suite d'anecdotes, plus qu'une simple biographie linéaire, "Quoi ? l'Eternité"'est souvent le prétexte pour Marguerite Yourcenar de philosopher, de réfléchir sur la condition tragique de l'existence humaine. On sent dans ces pages les préoccupations de l'auteure : le temps qui passe, les racines, l'inconnaissable mystère de la mort, la souffrance . Et prémonitoire , l'angoisse devant la destruction de toute vie , qu'elle soit celle des hommes ou des animaux . En découle son peu d'estime pour l'espèce humaine dont, très jeune, elle a pu constater la folie et, par la suite, constater sa persévérance dans l'erreur : seconde guerre mondiale, les guerres coloniales, les massacres divers, le saccage systématique de la planète, la disparition des espèces.... Ce sont par ces préoccupations que Marguerite me touche et que je la tiens pour une grande écrivaine malgré son côté marmoréen qui doit en intimider plus d'un !
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