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Critique de JunoR


M. Yourcenar dit elle-même dans son post-scriptum que le titre "Contes et Nouvelles" eut peut-être convenu davantage à la matière variée dont ces nouvelles ce composent. Si on peut effectivement associer la Grèce à l'Orient, la dernière nouvelle qui se passe à Amsterdam rentre plus difficilement dans cette catégorie. L'ajout du mot "contes" dans le titre aurait été très judicieux, je pense, car il aurait prévenu le lecteur de ce qu'il allait trouver dans ce livre et qui m'a tant posé problème.

Un conte et une nouvelle, ça n'est pas la même chose! le conte porte en lui une charge émotionnelle et philosophique, de l'ordre de la leçon de vie ancestrale. Pour que cette charge soit transmise efficacement, le conte traditionnel est souvent très sanglant et brutal quand il est considéré au premier degré, le tout décrit avec une certaine désinvolture: on crève les yeux, on coupe les mains, on décapite, on emmure vivant, et-on-trucide-et-on-trucide!.... Je sais bien que tous ces actes horribles appartiennent à une autre époque où la violence était plus banale qu'aujourd'hui, mais surtout je sais bien que ces actes doivent être pris de manière complètement symbolique. La femme emmurée vivante dans les fondations d'une tour, dont on laisse juste les seins libres pour allaiter son fils, est-elle en fait emmurée dans sa condition de femme et de mère? Très probablement.
Néanmoins, la lecture de cette barbarie n'est pas très agréable et c'est bien entendu l'objectif: afin de rendre le conte plus mémorable et l'inscrire plus durablement dans l'inconscient du lecteur-auditeur.

La place de la femme dans ces contes est également très interpellante. Je me demande quel message l'auteur souhaitait faire passer au lecteur en décrivant des femmes systématiquement victimes, perdantes, méprisées, humiliées, maltraitées, dévouées aux maris ou aux fils jusqu'au sacrifice... Si l'intention de M. Yourcenar était de dénoncer ou de montrer ce que la condition de la femme a pu être, ce que je pense, elle le fait de manière à nous mettre extrêmement mal à l'aise, offusqués de ce que nous lisons.
Exactement comme la brutalité des contes, l'horreur ressentie face à la condition des femmes est probablement là pour marquer durablement notre inconscient.

Bref, vous l'avez compris, je n'ai pas passé un très bon moment à la lecture de ces contes et nouvelles de M. Yourcenar. J'ai eu constamment l'impression de me faire violer l'inconscient par ces récits d'une violence inouïe afin d'y imprimer des idées et leçons ancestrales. Et si le livre n'est pas forcément là uniquement pour nous divertir ou nous être agréable mais également pour nous bousculer, nous déranger et nous faire réfléchir; le faire d'une manière plus subtile et douce aurait largement mieux convenu à mon caractère.
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