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Critique de justinesq


"Stranger Things", le roman : l'adaptation, cette chose étrange
Attention, spoiler saison 3, lecture à vos risques et périls...

Le monde à l'envers de Hawkins inspire le monde éditorial : l'éditeur américain de comic books Dark Horse et les éditions anglo-saxonnes Penguin Random House ont scellé des partenariats avec Netlix, déployant ainsi l'univers étrange et 80's de la série. En France, le groupe Hachette s'est emparé du phénomène en traduisant les romans officiels de la maison Penguin, et a tamponné sur la couverture de "Runaway Max" la mention “pour ados”. Intriguant, sachant que la saison 3 de "Stranger Things" actuellement disponible est interdite au moins de 16 ans ! Comment les romans officiels vont-ils suivre le tournant de plus en plus sombre et violent de la série ? À voir, car même si l'ambiance générale est retranscrite dans le médium livre, la cohérence avec l'histoire originale, elle, ne semble pas prioritaire...

Dans le roman "Runaway Max", on remarque en effet des incohérences entre la série et le récit raconté à la première personne par la nouvelle de la bande, l'intrépide Max Mayfield. Exemple, elle aurait rencontré son demi-frère, l'incontrolable Billy, alors qu'il possédait déjà sa Camaro, voiture emblématique dont le vrombissement résonne comme une menace dès la saison 2. Or, la saison 3 révèle un souvenir d'enfance de Billy dans lequel Max lui est présentée comme sa nouvelle soeur, alors qu'il n'est encore qu'un enfant (donc, même si le permis se passe plus tôt aux Etats-Unis, pas du tout en âge de conduire !). Vu l'importance du souvenir, on regrette ce décalage temporel... Cette vision, révélée par Elfe, est capitale dans cette saison puisqu'elle permet de mieux cerner la haine de Billy et lui insuffle sa part d'humatnité perdue, qui lui inspire un dernier geste héroïque.

Dans le roman, on apprécie néanmoins le soin apporté à la description psychologique de Billy. Profondément perturbé, le jeune homme change de physionomie lorsqu'il s'apprête à commettre l'irréparable (tenter de renverser Mike et sa bande à vélo) ou à prononcer des paroles infâmes (les remarques racistes à l'encontre de Lucas). Bien que nous ressentons toute la peur de Max face aux pulsions destructrices de son demi-frère, nous aimerions parfois basculer dans la tête de Billy pour vraiment comprendre ce troublant personnage, et par là même son effrayante évolution dans la saison 3… Peut-être dans un prochain roman intradiégétique ? Car dans "Runaway Max", les monologues intérieures de la protagoniste restent superficiels. Non pas que Max soit un personnage fade, mais sans doute parce que l'écriture, trop lisse, simplifie les sentiments de adolescente, jusqu'à les caricaturer. Le tampon "pour ados" ne devrait jamais vouloir dire "pour lecteurs et lectrices à ménager".

Le livre, en ce sens, manque de relief. Autre lacune, qui aurait pu compenser la première : le manque d'action. Cette dernière, en revanche, s'explique aisément par le scénario, à savoir l'absence de Max lors de nomreuses scènes de la saison 2 et son ignorance quant aux phénomènes surnatuels qui ont lieu à Hawkins, lorsqu'elle arrive de Californie.

On apprécie néanmoins les clins d'oeil gratuits à la série qui nous rappellent que nous sommes agent double, lecteur et spectaceur. Par exemple, le chat roux écrasé au bord de la route que Billy enflamme jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien n'est pas sans rappeler un autre chat, celui de Dustin, dont le pelage roux n'est plus reluisant après le passage de Dart, le “démochien” pas vraiment domestiqué...
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