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Critique de rotko


Efisia et Paul, les deux personnages principaux, pourraient être les auteurs des deux versants de ce récit, qualifié de « roman », qui pourrait être aussi une chronique de la Sardaigne, à travers le temps.
Ces jeunes adultes amoureux, l'une guide touristique, l'autre écrivain, nous facilitent une visite de l'Île, avec paysages, traditions, personnages emblématiques, rites divers, et vestiges d'un passé omniprésent. Leur curiosité sert l'intérêt du lecteur avide d'exploration et de savoir : photos, notes en bas de page, et bibliographie. C'est une lecture en immersion, qui fait parcourir les routes et les habitats, connaître les gens et les usages apprécier les plats et les parfums…
Mais Efisia et Paul sont de chair et de sang, de coeur chaleureux aussi, à l'écoute des autres, si bien qu'ils surmontent eux-mêmes leurs failles personnelles pour reconstruire leurs vies et aider autrui. On prend intérêt à leur quête personnelle, à leur sensibilité aux drames qu'ils devinent et aident à résoudre. En ce sens la jeune Eleonora trouve auprès d'eux réconfort et aide salutaire.
Eleonora d'Arborea, c'est aussi le nom d'une figure mythique de la Sardaigne du XIVe siècle, présente dans de multiples sculptures, et un code juridique bien en avance sur son temps. Paul approfondit la connaissance de cette femme mystérieuse : sa vie fut mouvementée et elle sut surmonter les épreuves et deuils privés, comme les revers politiques. Sa force de caractère, sa détermination, m'ont fait penser à ces personnages féminins qui peuplent les « chroniques italiennes » de Stendhal, elles ne transigent pas avec leurs adversaires, allient le courage et la subtilité, sans renoncer à leurs passions.
Paul maîtrise parfaitement son sujet, La Sardaigne au XIVe siècle avec la complexité des relations de pouvoir avec le royaume d'Aragon principalement et les différentes régions de l'île. Il anime sa chronique avec des aventures et drames individuels : on le suit plus volontiers sur ce terrain, dans les épisodes dramatiques où il se montre un bon conteur : la séquestration d'un chef politique attiré dans un piège, la chevauchée du prisonnier qui retrouve la liberté, la rencontre en mer de pirates, le dialogue entre une adolescente abusée et une femme avisée etc.

De cette lecture on retiendra que les épreuves ne signifient pas la fin d'un monde, et que la force de caractère associée à une analyse lucide des périls permet des sortir des impasses, comme ce fut le cas pour Leonora, unificatrice de la Sardaigne et initiatrice des bons rapports de l'île avec ses voisins catalans.
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