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EAN : 9782350661681
322 pages
Cap Béar Editions (01/04/2018)
4.2/5   5 notes
Résumé :
Eleonora, Efisia : deux prénoms, deux destins à la fois si lointains et si proches.
Hiver 1385, Eleonora d’Arborea rumine sa colère : depuis deux ans, Brancaleone, son mari, est injustement retenu captif par le Roi d’Aragon.
Le moment est venu de passer à l’action. Un choix sans retour possible, qui en appellera bien d’autres...
Automne 2007, Efisia apprend la mort de l’aïeul, Taniei. Elle devient la gardienne de sa mémoire. Une mort qui fera re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Efisia et Paul, les deux personnages principaux, pourraient être les auteurs des deux versants de ce récit, qualifié de « roman », qui pourrait être aussi une chronique de la Sardaigne, à travers le temps.
Ces jeunes adultes amoureux, l'une guide touristique, l'autre écrivain, nous facilitent une visite de l'Île, avec paysages, traditions, personnages emblématiques, rites divers, et vestiges d'un passé omniprésent. Leur curiosité sert l'intérêt du lecteur avide d'exploration et de savoir : photos, notes en bas de page, et bibliographie. C'est une lecture en immersion, qui fait parcourir les routes et les habitats, connaître les gens et les usages apprécier les plats et les parfums…
Mais Efisia et Paul sont de chair et de sang, de coeur chaleureux aussi, à l'écoute des autres, si bien qu'ils surmontent eux-mêmes leurs failles personnelles pour reconstruire leurs vies et aider autrui. On prend intérêt à leur quête personnelle, à leur sensibilité aux drames qu'ils devinent et aident à résoudre. En ce sens la jeune Eleonora trouve auprès d'eux réconfort et aide salutaire.
Eleonora d'Arborea, c'est aussi le nom d'une figure mythique de la Sardaigne du XIVe siècle, présente dans de multiples sculptures, et un code juridique bien en avance sur son temps. Paul approfondit la connaissance de cette femme mystérieuse : sa vie fut mouvementée et elle sut surmonter les épreuves et deuils privés, comme les revers politiques. Sa force de caractère, sa détermination, m'ont fait penser à ces personnages féminins qui peuplent les « chroniques italiennes » de Stendhal, elles ne transigent pas avec leurs adversaires, allient le courage et la subtilité, sans renoncer à leurs passions.
Paul maîtrise parfaitement son sujet, La Sardaigne au XIVe siècle avec la complexité des relations de pouvoir avec le royaume d'Aragon principalement et les différentes régions de l'île. Il anime sa chronique avec des aventures et drames individuels : on le suit plus volontiers sur ce terrain, dans les épisodes dramatiques où il se montre un bon conteur : la séquestration d'un chef politique attiré dans un piège, la chevauchée du prisonnier qui retrouve la liberté, la rencontre en mer de pirates, le dialogue entre une adolescente abusée et une femme avisée etc.

De cette lecture on retiendra que les épreuves ne signifient pas la fin d'un monde, et que la force de caractère associée à une analyse lucide des périls permet des sortir des impasses, comme ce fut le cas pour Leonora, unificatrice de la Sardaigne et initiatrice des bons rapports de l'île avec ses voisins catalans.
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Dans ce livre, qui me parait le plus aboutit de tout ce qu'a écrit Nicole Yrle, transparait son humanisme, son amour des autres et sa connaissance de l'humain. Je dirais simplement qu'il n'est pas si facile à lire à cause des deux récits parallèles, l'un se passant bien au delà de notre réalité présente, de celle d'Efisia et Paul, nos contemporains. Les personnages sont nombreux et il faut être attentifs pour ne pas trop s'y perdre. Mais c'est un tel bonheur !

J'ai aimé l'enthousiasme de Nicole, sa façon de faire vivres des gens d'un autre temps, en y plaçant une certaine rudesse des moeurs, une liberté inattendue d'Eléonora, cette femme de caractère qui va jusqu'au bout de ses passions et ne s'encombre pas d'un code de bienséance, sans tabou, sans arrières pensées, droite dans ses bottes et chatoyante comme une image sainte.

Ce récit est plein de lumière, celle de la Sardaigne, que Nicole nous apprend à connaître avec de nombreuses descriptions, impressions sensuelles, oui, on sent les parfums, on est ému par la beauté des paysages et elle sait y mêler une poésie, une atmosphère où la chaleur se mêle aux rochers déchiquetés, à la mer dangereuse et imprévisible. Des personnages sortent du commun, comme l'aïeul Taniei qui lègue un secret à Efisia avant sa mort.

En fait, Efisia et Paul sont là pour aider la jeune Eléonora en but aux assiduités de son oncle. Mais c'est Efisia qui sera, aidée par Paul, celle qui exhume l'histoire de la Grande Eléonora qui unifia la Sardaigne et "donna à son peuple une Charte si remarquable que les Catalans eux-même l'ont étendue à l'ile entière en 1421 ! et qu'elle est restée en vigueur à quelques variantes près, jusqu'en 1827, ce qui est stupéfiant".

Bien sûr, Paul a fait de nombreuses recherches et c'était lui l'écrivain, mais Efisia a été l'âme de cette histoire sortie du temps.

C'était très habile de la part de l'auteur, de nous "apprendre" la Sardaigne, ce magnifique pays, à travers deux récits parallèles. Tous nos sens y trouvent leur compte tant y sont bien décrits les us et coutumes, les odeurs, le goût, la beauté des paysages, les traits de caractères des personnages ....

Le livre refermé, la Sardaigne existe dans la tête, comme si nous y étions réellement allés.
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Quand on referme Eleonora, on ne sait plus si on a lu un livre ou plusieurs... comme ces dieux à multiples bras qui se reflètent à l'infini, on a le sentiment d'avoir embrassé plusieurs vies, celles d'aujourd'hui et celles du passé... La Sardaigne, une île mythique, des destins insulaires tournés vers la mer... avec ses drames, ses horreurs, ses séparations et parfois ses retrouvailles troublantes. Il me restera des images fortes comme cette visite en prison... cette lettre d'un père à sa fille... ces courses à cheval d'une Eleonora du passé... ou celle du présent... Et puis l'ombre de l'Accabadora, et celle de Brancaleone détenu dans la tour San Pancrazio.

En quittant ce livre, j'ai le sentiment d'être sur un bateau qui quitte le port et qui s'éloigne tout doucement : des maisons, des fenêtres avec à chacune une femme, un homme ou un enfant... qui ne me seront plus complètement inconnus... et puis finalement tout s'évanouira dans le lointain... ne resteront que des murmures, ou des bribes de paroles :

« et l'assassin ?
Un inconnu qui court toujours. C'est un lâche... il a tiré en plein jour six coups de pistolet dans le dos d'un vieil homme qui allait acheter son journal... »
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Eléonora
Le moment est venu
Nicole Yrle

L'auteure m'a entrainée malgré moi dans le passé d'une Sardaigne que je ne connaissais pas.
Ce n'est pas un parcours touristique non, mais l'histoire de femmes, une histoire d'amour, de courage.
Ce n'est pas du tout le genre de mes lectures habituelles. Mais le talent de Nicole Yrle a joué en sa faveur.
J'ai aimé sa façon bien à elle de raconter, ses descriptions et je confirme s'il le fallait, c'est une grande dame de l'écriture.


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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Confiné trop longtemps entre quatre murs, il fut pris de vertige et ralentit son cheval : il regardait avidement les collines, les petits bois, les hameaux et surtout l’horizon qui, avec les premières lueurs du jour, se teintait de violet. La brise venue de la mer était froide mais il n’en avait cure, il n’entendrait plus les hurlements du vent s’engouffrant entre les rochers, les tours et les ruelles de Castedd’e sùsu. Pas une fois il ne se retourna, mais il eut longtemps l’impression que Càller pesait encore sur ses épaules.
Quand la troupe longea des marais salants, il huma l’air avec ivresse, retrouvant des odeurs perdues. Puis ce furent des étangs qui lui en rappelèrent d’autres et le temps où il allait chasser. Il repéra une flotille de foulques noires aux becs blancs, il crut reconnaître une colonie de hérons à la robe pourpre, un premier s’envola dans un lent battement d’ailes, aussitôt suivi par d’autres, il accompagna du regard leurs silhouettes anguleuses.
Au milieu de la journée, on s’arrêta près d’un ruisseau pour étancher la soif des hommes et des chevaux. Dans une flaque d’eau claire où luisaient des cailloux, Brancaleone vit le reflet d’un visage, il se retourna mais il n’y avait personne. Ces cheveux blanchis et hirsutes, cette barbe broussailleuse, ces yeux enfoncés dans les orbites, c’étaient les siens. Il ne s’était plus regardé dans un miroir depuis si longtemps qu’il ne se reconnaissait pas.
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« En prison, j'ai appris à ouvrir des livres et aussi à bien écrire. Je me demandais si cela ne me rendait pas encore plus malheureux mais aujourd'hui je suis fier de répondre à ta lettre.
Suis ton chemin, tu as un beau métier, et range-moi au fond d'un petit tiroir secret de ton âme avec ta pauvre maman, elle était douce et tendre, elle t'a portée dans son ventre et dans son cœur neuf mois, ne l'oublie pas. Dans ma tête maintenant, deux Efisia, ma femme et ma fille, occupent toute la place. A.M. »
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