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Critique de Levant


Complet rayé, panama, l'éternelle cigarette aux lèvres, le commandant Ôgami est un flic qui ne dépareillerait pas dans l'équipe des incorruptibles pour ce qui est du style et du comportement tels que nous les présente sa conceptrice.

Sauf que lui serait plutôt du genre corruptible, semble-t-il. Il n'est pas du tout porté à se laisser impressionner, que ce soit par la hiérarchie, ou par les malfrats. Il a des méthodes qui heurtent l'éducation du jeune tout juste sorti de l'académie qu'on lui a collé aux basques ; pour sa formation lui a-t-on dit. A moins que ce ne soit pour une autre raison. Il boit sec. Son breuvage de prédilection c'est l'alcool de riz. le saké qu'il ingurgite plus que de raison quand il s'agit de dissiper la rage qui le gagne à se voir contraint par le carcan de la loi. Elle lui colle des semelles de plomb à lui fait perdre son temps en civilités et formalités. Il faut dire qu'il évolue dans l'univers très codifié d'une société au sein de laquelle prospèrent les gangs à la mode nippone : les yakusas.

Les yakusas, c'est un univers particulier. Ces gangs à la japonaise sont en accord avec la culture de la vieille civilisation qui leur a donné le jour. Ils ont pignon sur rue, une hiérarchie très organisée et respectent ce qu'on pourrait appeler une déontologie du crime. Avec à l'encontre de qui ne respecte pas les règles, un barème de sanction allant de l'éviction à l'amputation d'un doigt, jusqu'à l'exécution rituelle. Dépaysement garanti avec ce polar dont le titre ne dissimule rien de son origine nippone, mais dont l'intrigue nous dévoilera tard qui est ce Loup d'Hiroshima. Est-il traqué ou prédateur, ou les deux ? C'est en tout cas un solitaire.

Curieuse atmosphère, que celle de ces gangs. Ils obligent les flics à composer avec l'apparence de respectabilité qu'ils se donnent, les règles qu'ils respectent plus scrupuleusement que les commandements des tables de la Loi. Dont une qui leur prescrit de ne faire aucun mal à l'honnête citoyen. Les rivalités entre clans sont en revanche féroces et la hantise de la police est de voir se déclarer la guerre des gangs. Pugilat qui mettrait la ville à feu et à sang et provoquerait la panique parmi la population. Aussi est-ce à une forme de chantage à l'ouverture des hostilités que se livrent ces clans rivaux, au point qu'on a l'impression que ces derniers commandent à la police.

Yûko Yuzuki, son auteure, est japonaise et publie ses romans dans sa langue natale. Leur traduction peut s'avérer difficile et laisser une grande marge d'interprétation à l'officiant. Cela donne pour le Loup d'Hiroshima quelques expressions pas très heureuses. A croire que les idéogrammes japonais sont plus suggestifs que descriptifs et que leur transcription en notre langue soit un exercice périlleux.

En quête de diversification dans l'univers du crime, j'avais été tenté par cet ouvrage au pays du soleil levant. Je dois avouer que je ne suis pas déçu et ne craindrai pas de lire un autre polar de cette auteure qui s'en est fait une spécialité en son pays. Ce serait "divulgacher", comme disent nos cousins québécois, que de révéler la raison qui en a fait un atypique du genre à mes yeux, je laisse donc aux amateurs du genre le soin de se faire leur propre idée et les encourage même à le faire.
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