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Critique de fuji


Le lecteur entre véritablement dans les livres de Carole Zalberg, ce n'est pas une métaphore.
Depuis "Feu pour feu", je trouve dans cette lecture une qualité d'épure qui me bouleverse mais immergée dans une musique hypnotique, c'est à dire circulaire.
Trois voix, celle de la petite fille enlevée, celle du ravisseur et celle des parents.
Edouard avec son visage dévasté par le feu est habitué à ce que le fil qui devrait le relier aux autres soit rompu.
Un jour il croise une petite fille avec sa maman, sur le chemin de l'école, et cette petite fille riante et volubile, ne baisse pas les yeux en le croisant, bien au contraire. Dans la tête d'Edouard, le fil n'est plus rompu, au contraire il s'est construit, solide, incassable c'est elle sa beauté, sa déesse, sa princesse, elle est à lui.
L'irréparable est commis, il l'enlève et en fait sa chose.
Mais la petite fille violée, pense "Tête de vulve puante! Me dis-je quand la colère à force de couver implose et répand sa boue. Trou public! Pauvre décharge! Voilà comme je réponds à ses compliments : mots d'ordure pour mots de miel."
La voix de Marie vous pénètre, vous fait prisonnier,vous met en rage et vous tient par le coeur et les tripes, sans faillir jusqu'au bout comme une force qui vous ligote.
Edouard est cet être détruit, celui qu'on examine mais que l'on ne regarde plus. Cela ne lui donne aucune excuse pour détruire à son tour. Rien ne le justifie.
Il est passé de l'invisibilité à l'écoeurante visibilité, dont il n'a pas su ou pu faire sa résilience.

Quant aux parents, qui avaient imaginé une si belle vie pour leur fille solaire, ils vivent en marge du monde qui fut le leur, ils font de leur douleur une entrée en résistance.
Marie se bat, s'accroche grâce aux livres qu' Edouard lui procure et qui lui apporte un souffle.
Elle survit, jusqu'à l'inévitable erreur de son bourreau.

Marie magnifique papillon, vibrant d'un rire cristalin ne pensait pas se brûler les ailes en pénétrant le regard d'Edouard.
Marie n'est pas aussi fragile que le papillon; mais Marie est libre et vibrante de cette sève qui l'a sauvé, mais Marie est en miettes...

Marie est le symbole de toutes ses femmes, bafouées, niées, violentées.
Et Carole Zalberg, pour partir de l'unique et passer à l'universel a construit son livre comme un arbre branchu.
L'arbre est symbole de vie, en perpétuel évolution, se dressant vers le ciel.
Sa verticalité s'appuie sur ses racines, sa partie visible est le tronc, son évolution, ses branches s'élevant vers la lumière.
La femme papillon virevoltant devient un arbre, qui laisse lire toutes les traces de vie sur son écorce.

L'auteur une fois de plus, m'a happé dans une lecture sans interruption, lecture vibrante et à la limite du soutenable émotionnellement.

©Chantal Lafon - Litteratum Amor 28 janvier 2017
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