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Critique de Isa0409


Elle dansait, oui elle dansait.
Marie dansait, depuis qu'elle était toute petite, elle illuminait la maison de ses pas, elle tournait, tourbillonnait, tournicotait, dans toutes les pièces, d'une chambre à l'autre, elle ne marchait pas, elle dansait.

Elle aimait la vie.
Elle était belle, avec ses grands yeux, elle était intelligente, elle avait ses amis à l'école, son amoureux à qui elle donnait la main, innocemment, et puis d'un coup elle la lâchait et elle courait, elle riait. Oui, elle riait.

Elle dansait.

Et il a suffit d'un regard. Son monde onirique, sa vie paisible, ses rêves, son innocence, tout s'est envolé, tout s'est transformé, hop ! parti en fumée... La Bête s'est emparée de son autoproclamée Belle, la sienne, rien qu'à lui, tout ça parce qu'elle n'avait pas détourné le regard ? Tout ça parce que, enfant qu'elle était, elle a vu au-delà de l'apparence ? Mais n'est-ce pas ce qu'on apprend à l'école à tous les enfants ; "ne jugez jamais les apparences" !? Et c'est cette bonté là qui l'a condamnée ! Pourquoi ?!

Dans un roman d'une incroyable justesse, Carole Zalberg narre l'enlèvement de la petite Marie par son ravisseur Edouard, défiguré depuis un accident. Brûlé, ravagé, bousillé. En donnant tour à tour la voix à Marie puis à Edouard, elle confronte les pensées des deux protagonistes, vivant tantôt cet enlèvement et la séquestration qui s'ensuivit comme le premier jour d'une vie libre qui peut enfin commencer, où l'amour peut enfin exister, tantôt comme la fin d'une vie, le début du malheur, le gouffre qui s'installe.

Carole Zalberg donne corps à l'ignominie en la personne d'Edouard, persuadé d'avoir trouvé son âme soeur (une petite fille de 13 ans !), assoiffé de son corps et de son âme, en demande permanente d'attention, d'affection, de romantisme, d'amour ! ...
Marie, elle, se meurt peu à peu, elle tente coûte que coûte de maintenir à l'esprit les derniers éléments qui lui rappellent sa vie d'avant, elle cite le nom de tous ses amis, elle pense aux visages, elle parle, elle lit, avant que le mutisme s'empare d'elle, en proie à un dépérissement inévitable.
Isolée dans sa prison, Marie est coupée du monde extérieur, elle ne connait plus que ces quatre murs gris qui l'entourent et cette fenêtre haute, par laquelle elle aperçoit parfois les rayons du soleil, comme la promesse d'un avenir meilleur, le signal que l'espoir existe car dehors, ses parents l'attendent, ils espèrent, ils savent qu'elle vit encore, qu'elle est là.

Un très beau roman de Carole Zalberg dont j'adore la plume !

"Je remue le ciel, le jour, la nuit
Je danse avec le vent, la pluie
Un peu d'amour, un brin de miel
Et je danse, danse, danse, danse
Danse, danse, danse..."

(Dernière danse - Indila)
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