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Critique de le_Bison


Les lumières s'éteignent sur la scène, le corps en sueur, les convulsions me reprennent. Je tremble, j'ai froid, je suis en nage. Seul dans le noir. Ou presque. le public crie, hurle, éructe. Une hargne se déchaîne, à moins que cela soit de la haine. Mes mains restent crispées sur la guitare. le courant m'a abandonné, mais putain, que c'était bon, j'ai été Johnny Thunders pendant 5 minutes. Ma gloire à moi. Avant la descente en enfer. La drogue, le caniveau, la taule. Les souvenirs se déchaînent dans ma tête, ce rock entêtant qui vrille dans ma tête, la seringue que je me plante dans le bras, cette sud-américaine que j'ai toujours eu envie de baiser, lignes de coke après lignes de coke. Tout juste si j'arrive encore à bander. J'ai l'impression d'être fini, comme au bord d'un précipice avec l'envie de fermer les yeux et de me laisser glisser au fond. Je vole. Plouf. J'atterris dans l'eau. Noire et froide. Je coule, m'enfonce dans cette nuit noire, dans cette eau noire. de plus en plus noire. Je n'arrive plus à respirer, je suffoque, j'ouvre les yeux. Je suis bien. Je suis un poisson. Je nage au milieu d'autres poissons et je vois cette sirène catalane. de longues jambes qui nagent devant moi. Viens me dit-elle, viens. Mais je n'arrive pas à la rattraper. Après tout, je ne suis qu'un poisson.

Revenir à Barcelone, me ranger de cette vie. Fuir la vie, fuir la coke, et trouver du taf. N'importe quoi, un boulot de merde mais qui me donnera un peu de blé que je donnerai à mon gosse que j'ai pas vu depuis dix ans. Oui, voilà ce que je veux faire, ce que je veux devenir. Un père et non plus un héroïnomane junky au bord d'un précipice. Sauf que revenir à Barcelone font revenir les souvenirs à flot, et pas que les bons, les fréquentations d'antan et pas les plus saines. Et comme j'ai la poisse, les emmerdes puent la merde. Les étrons fleurissent sur le trottoir, pendant que je m'évertue à remonter du caniveau. le bar est ouvert, la poussière s'envole de mon cuir, j'atteins le comptoir. Une blonde me sert une bière. le juke-box braille un titre des Pixies. Elle me sert une autre bière et je prends le train avec les Clash. Mon dealer s'assoit à côté de moi. C'est fou comme ils ont l'air sympa ces ex-dealers. Un brouhaha éclate dans ma tête, comme une veine qui explose dans mon coeur. Envie d'un whisky sans glace. J'ai pas une tune. J'prends crédit auprès de la blonde, sous l'oeil vigilant de son mac. Je me noie dans mon verre. Mais je m'en fous. Car je suis un poisson.

J'arrive tant bien que mal à mon appart', une ruelle glauque aux odeurs de pisse. Une traversée nocturne des bas-fonds de Barcelone. de la société, même. J'ai des flashs qui crépitent dans les yeux. Je regarde la foule devant moi. Je prends une bière au frigo avant de m'allonger sur mon pieu. Ecouter Patti Smith avec ses poils sous les bras. Et m'endormir KO. Vais-je me réveiller ou finir avec cette seringue encore plantée dans le bras. La foule hurle éructe balance ses immondices verbales. La guitare s'est tue. Pour un moment. A tout jamais. Johnny Thunders n'est plus. Mais moi j'ai été Johnny Thunders. Même 5 minutes.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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