J'ai acheté cet ouvrage d'occasion sans me poser de questions : la note globale sur les sites Babelio/Livraddict était très élevée, tandis que des blogueurs que je suis avaient fait une bonne critique. Hélas, je ne suis pas ressortie aussi conquise que je l'aurais cru, notamment à cause de la fin relativement expéditive et de certaines réponses. En revanche, je reconnais volontiers que l'atmosphère de «
Je t'ai rêvé » fait sa force : on nage complètement en eaux troubles, se demandant souvent si c'est la réalité ou un délire d'Alexandra, la narratrice schizophrène et paranoïaque. Celle-ci n'a pas une vie facile. Elle a régulièrement des hallucinations, si bien qu'elle prend en photo tout ce qu'elle voit et ne panique pas souvent lorsque quelque chose lui arrive comme, par exemple, lorsqu'elle va apercevoir un serpent. Elle demande également souvent à son entourage s'il a bien entendu ou non certains propos. Cependant, lorsqu'elle se retrouve seule, il lui est difficile de démêler le vrai du faux ! Tout est très fouillis.
En tant que lecteur, on essaye également de comprendre et on la suit avec plaisir et méfiance. Hormis sa différence, elle ressemble à n'importe quelle adolescente américaine. Alex va au lycée, est cultivée mais pas surdouée, a quelques amis ainsi qu'un petit job, sort un peu, fait parfois des bêtises, rembarre ceux qui la harcèlent et passe du temps avec sa famille. On ne peut pas dire qu'elle sorte des sentiers battus ! Ainsi, si on ignore son trouble mental, on aurait presque un roman contemporain classique. D'ailleurs, c'est l'un des reproches que je ferais à ce livre : c'est très ado avec une ambiance universitaire, des fêtes étudiantes avec de la beuverie et des coucheries, des matchs sportifs, des crasses entre élèves en classe ou dans leur casier, un premier amour… Or, la mise en lumière de la particularité de l'héroïne ne se fera que dans la dernière partie. Tout le reste met surtout en avant les cours, la romance ainsi que les méchancetés que chacun va se faire. C'est plutôt dommage ! Je m'attendais à un traitement du sujet plus pertinent, même si le public cible n'est pas adulte.
Miles, le protagoniste qui va fasciner Alexandra, est l'un des atouts du récit. Pour moi, il était aussi trouble qu'elle… si ce n'est davantage ! Très vite, cet inconnu taciturne va se révéler être une personne étrange, excessive, taquine, narcissique, arrogante, brillante, violente, introvertie, secrète et déroutante. Présenté comme quelqu'un de surdoué capable de répondre à des questions de culture G impossibles, Miles est le premier de sa promotion. Parfois, il récolte des moqueries, notamment en raison de ses origines allemandes, ce qui lui vaut le surnom de « nazi ». Il a également des problèmes familiaux qui semblent pourrir son existence. Étrangement, il est aussi celui qui sème la zizanie, harcèle les autres, a mauvaise réputation avec son groupe, fait la loi et dort en classe. Mauvaise graine, mais génie moqué ? J'ai été perturbée par ce caractère insolite et paradoxal. Or, c'est le jeune homme qui m'a donné envie de tourner les pages. Je souhaitais en savoir plus sur lui et il m'intéressait beaucoup plus qu'Alex. Étant donné qu'il n'est pas le héros de l'histoire, je n'ai hélas pas eu toutes les réponses qui m'intéressaient…
Comme souvent dans les récits mettant en scène des étudiants, on retrouve toute sorte de personnages clichés comme le meilleur ami, la pimbêche, la fille facile, l'intello, les bad boys et leur meute, etc. «
Je t'ai rêvé » n'échappe malheureusement pas à ce défaut. On a donc une pluie de personnages secondaires stéréotypés, creux et peu développés. Même les camarades de Miles, qui avaient pourtant du potentiel, n'ont pas assez de consistance. de même, il n'est pas difficile de percer la majorité des secrets, notamment ceux de la famille d'Alex, tant les preuves sont mises sous nos yeux. Je pense en particulier à la découverte faite avec Miles et Tucker. Sans cesse, l'auteure insistait sur le manque de réaction, sur les oeillades appuyées ou sur les silences gênés de l'entourage face au comportement de la narratrice dès qu'elle parlait de ce « mystère ». Pour moi, c'est comme agiter une pancarte lumineuse indiquant au lecteur qu'il y a quelque chose à comprendre. Sauf que j'avais déjà saisi la première fois… Mais il a fallu que
Francesca Zappia répète ce sous-entendu trois ou quatre fois, comme si nous étions trop stupides pour comprendre ! Cela m'a agacée.
Je suis très mitigée par cette lecture a réussi à m'intéresser grâce à son atmosphère confuse et grâce au personnage de Miles. Néanmoins, le côté faculté américaine « classique », la schizophrénie pas assez poussée et le dénouement expéditif n'ont pas réussi à me satisfaire. Peut-être en attendais-je trop ?
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