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Critique de batlamb


En Égypte antique, les paroles sont magiques, performatives. Grâce à l'art du conte, Catherine Zarcate recrée donc ce monde ancien, en se plaçant sous les signes de l'écriture et de la sagesse, qui sont les domaines de Thot. Ce dieu joue un rôle crucial dans la cosmogonie égyptienne, puisqu'il y amende à sa façon un décret du roi des dieux, Rê, afin que la séparation forcée de la Terre (Geb) et du Ciel (Nout, son épouse) puisse être fertile et donner naissance aux deux autres grands couples du panthéon égyptien : Isis et Osiris, ainsi que Nepthys et Seth. Cet accouchement symbolique du monde grâce à la connaissance personnifiée par Thot reflète l'importance de savoir (se) raconter le monde. Mais le monde doit tout autant à Seth, incarnation de la force cruelle et aride du désert, qui défend chaque nuit de son harpon la barque du dieu solaire Rê quand celle-ci s'enfonce dans le monde d'en-dessous et se frotte au chaos lui-même, à savoir le serpent Apophis. Ce mythe montre que rien n'est tenu pour acquis et que chaque jour nouveau est une renaissance miraculeuse, à laquelle même les plus méchants peuvent contribuer. Mais c'est le sens de la justice (Maât) qui prévaut par-dessus tout dans la mythologie égyptienne : les morts dont le coeur pèse plus lourd qu'une plume d'autruche sont dévorés, et le fratricide Seth ne peut imposer son autorité aux autres dieux, même via le népotisme d'un Rê reconnaissant.

Au fil des récits, Catherine Zarcate distille un maximum d'informations et d'anecdotes sur les croyances des anciens égyptiens. Ce travail d'ornementation la pousse à proposer une fin à un récit incomplet, proche du mythe d'Oedipe, mais où les formules de la conteuse parviennent à conjurer le mauvais sort, affirmant la prééminence de la magie des mots (celle de Toth) sur les visions de l'oracle. La mythologie égyptienne continue ainsi sa vie propre à travers les mots de ceux qui l'évoquent.
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