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Critique de bvb09


bvb09
24 décembre 2014
Zemour a une théorie que l'on pourrait résumer par le mot qu'il emploie avec la gourmandise de l'auteur qui est cultivé, qui a un vocabulaire riche… et qui veut un peu trop que cela se sache.
Ce mot est « anomie » en gros perte de structure d'où le suicide français.
Pour étayer cette théorie il utilise ses connaissances historiques qu'il prend des rayons de sa culture. Cela en fait un livre agréable à lire parce qu'il offre une sorte de « Reader digest » de l'Histoire française, de 1970 à nos jours, sans que cela soit péjoratif dans ma bouche. J'ai appris ou conforté des connaissances en me distrayant.
Mais Zemour réussit-il sa démonstration ? Dans ce genre d'exercice, qui est très loin des mêmes procédés utilisés pour les sciences dures, je n'attends pas une rigueur de tous les instants mais
• une présentation des éléments d'argumentation factuels, une loi, des grèves, une élection…
• une interprétation cohérente des conséquences.

Quand les faits sont trop souvent fallacieux ou rendus tels par un oubli du contexte, par un manque de chiffres et qu'en plus les interprétations des faits non distordus semblent trop souvent très contestables on en vient très rapidement à se fatiguer de la théorie et à ne plus s'intéresser qu'au déroulement des années qui passent avec le plaisir exprimé dans les premières lignes de ce commentaire.
Des formes rhétoriques telles que « Ils avaient perdu la guerre mais ils ne le savaient pas », ou « ils n'avaient pas compris que… » qui se répètent tout au long du livre, fatiguent alourdissent le propos et sont d'autant moins supportables quand il n'y a rien d'évident dans la démonstration.
Zemour fonde son discours sur des ressentis, sur une France qui, parce qu'elle était blanche et chrétienne, comme les prénoms donnés à ses enfants, dominée par des Paterfamilias, était un gage d'unité, de sentiment d'appartenance pense-t-il. Toujours sans preuve.
Quand je le lis j'ai la désagréable impression qu'il veut faire de moi un fan de club de football, qui chante la Marseillaise en tribune et se réjouit non seulement quand son équipe gagne mais également quand l'ennemi perd, fût-ce contre une autre équipe, comme le jeune Palestinien qui crie sa joie le 11 Septembre.
Dans un continuum qui irait de la discipline militaire à l'individualisme forcené, Zemour pense que la première est plus à même de sauvegarder nos valeurs.
Il ne veut pas comprendre que, aujourd'hui, un jeune francais se sent plus proche d'un jeune chinois avec lequel il fait équipe sur Call of Duty que d'un pilier de bar fût-il son voisin de palier.
Il ne veut pas comprendre que le Monde est un village et préfère pleurer sur l'appauvrissement de la France que se réjouir de la diminution de la famine dans le Monde.
Sa théorie de la souveraineté de la France n'est qu'un individualisme au niveau du monde ce qui rend presque ridicule son aversion de ce dernier (l'individualisme).
Bref, je ne déteste pas Zemour, mais il me semble qu'il fait la preuve dans son livre, qu'une somme de connaissances et un bon esprit critique ne suffisent pas à élaborer une théorie qui se tienne, même lorsqu'elle se contente comme c'est le cas de ce livre, d'expliquer le passé.
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