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Critique de berni_29


Peut-on fuir l'amour parce qu'il peut faire peur ?
Attendre, fuir, errer, prendre peur, tourner le dos à ce qui ressemble à la vie, au bonheur...
Le bruit du givre fait autant de bruit que le silence dans une ville étouffée par les sanglots assourdissants de la rue.
D'où viennent les peurs de Samuel ?
Samuel Darko vit un bonheur paisible avec Alice, ils sont heureux. Plus tard, il se souvient :
« Je m'en souviens très bien : nous revenions de la plage. La peau me brûlait. La voiture était un vrai four, une caisse de fer et de chaleur paralysée en plein trafic. La peau me brûlait et Alice m'a dit : je voudrais avoir un enfant de toi Samuel. Je m'en souviens très bien : c'est à ce moment-là que le bruit a envahi ma tête. le bruit… le bruit… Les paroles d'Alice ont été comme une clé. L'outil parfait, destiné à ouvrir la cage où, jusqu'à cet instant, j'avais gardé enfermées, cachées, sous contrôle, toutes mes peurs. »
Devant la peur de Samuel, Alice part, s'envole comme un oiseau à son tour effrayé, elle se réfugie dans un pays lointain où se faire oublier.
Samuel tente de renouer avec le bonheur, un amour platonique avec Dana... Un an plus tard Samuel reçoit une lettre d'Alice, évoquant que la solitude peut être une cage dans laquelle on enferme ses peurs.
Devant cette lettre mystérieuse qui ne dit rien d'autre, surtout qui n'est pas une invitation, Samuel cependant s'en saisit pour partir et tenter de retrouver Alice...
Le bruit du givre est plus qu'une bande dessinée, c'est un petit chef d'oeuvre de décomposition, c'est un séisme artistique où le sol s'éventre dans une palette de couleurs et de mouvements vertigineux et flamboyants. Les couleurs sont fortes, contrastées, - oranges, rouges, roses, verts, bleus -, elles épousent les contrastes, des corps qui s'étirent, des atmosphères changeantes...
Dans ce quelque chose, dans ce presque rien qui tremble comme une ombre qui s'en va, comme un geste qui renonce, il y a cependant une voix touchante qui continue de ressembler à la vie.
C'est le bruit d'une clef qui pénètre dans le cerveau de Samuel, qui tourne, qui ouvre peut-être des portes intérieures.
Le bruit du coeur n'est jamais loin.
Ici aux manettes, Jorge Zentner au texte et Lorenzo Mattotti au dessin nous conduisent dans une sorte de road movie aérien puis terrestre aux allures presque intemporelles qui dit la beauté de la vie.
J'ai aimé l'étourdissement de ce voyage aux sonorités intérieures, j'ai été enivré par l'effervescence du dessin en harmonie avec l'épure du texte. C'est magnifique.
Partir ? Pour trouver quoi ? Peut-être pour trouver ou retrouver le bruit du givre, précisément.
Cette BD est un chef d'oeuvre.

♪ Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
Que le ciel azuré ne vire au mauve ♫
Penser ou passer à autre chose ♫
Vaudrait mieux ♪
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