Je n’aime pas les adieux : parce qu’ils confirment notre présence à l’endroit et au moment dont nous voudrions tant être déjà loin.
J'ai perdu l'audition, la vue, la mémoire et la puissance sexuelle, mais pas le sens du ridicule.
L'incendie tonnait. L'incendie modelait une cloche de silence. Le feu et ses rugissements. La forêt et ses plaintes. Que pouvons-nous, nous, les hommes, face à ce combat de géants ?
Qu'est-ce que ça veut dire être chez soi ?
Occuper le regard... Ne pas penser… Zapper, tout simplement… Une chaîne… Une autre… Et puis une autre… Avec un peu de chance, peut-être le défilé du monde finirait-il par effacer ma mémoire et me changer en oubli…
Je me suis rendu compte que pour la première fois depuis très longtemps je n'étais en train ni d'attendre, ni de fuir.
J'étais un mort qui regardait.
Je n'aime pas les adieux : parce qu'ils confirment notre présence, à l'endroit et au moment dont nous voudrions tant être déjà loin.
Je m'en souviens très bien : nous revenions de la plage. La peau me brûlait. La voiture était un vrai four, une caisse de fer et de chaleur paralysée en plein trafic. La peau me brûlait et Alice m'a dit : je voudrais avoir un enfant de toi Samuel. Je m'en souviens très bien : c'est à ce moment-là que le bruit a envahi ma tête. Le bruit… Le bruit… Les paroles d'Alice ont été comme une clé. L'outil parfait, destiné à ouvrir la cage où, jusqu'à cet instant, j'avais gardé enfermées, cachées, sous contrôle, toutes mes peurs.
L'eau du bassin était fraîche et immobile. Je me suis souvenu des paroles d'Alice : " je voudrais avoir un enfant. Un enfant de toi, Samuel. " Les paroles qui avaient ouvert la cage ou j'enfermais toutes mes peurs.