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Critique de Yuixem


Yumeng est une jeune chroniqueuse pour un magasine tendance de Pékin. Alors qu'elle devait partir pour la Toscane afin de réaliser un reportage sur la cuisine italienne, la voilà finalement envoyée au Népal pour découvrir le secret du bonheur. Peu encline à cette expérience, elle finit par rejoindre le tour qui devra la conduire aux différents endroits spirituels de sa destination. Dans ce groupe, elle y fera notamment la rencontre de Wang, un jeune homme riche abandonné devant l'autel par sa fiancée, et de Li qui vient d'être larguée par son copain. Tout en visitant plusieurs lieux culturels, ils feront connaissance, se livreront leurs histoires personnelles, pour finalement au terme de leur voyage se sentir plus libres des choix qu'ils désirent prendre dans leur vie.

J'ai retrouvé en Yumeng l'image parfaite de l'asiatique campagnarde qui n'aspire qu'à devenir une jeune et belle citadine telle qu'on peut en voir à la télévision. Je dis « asiatique » car c'est ce que je ressens également en regardant des séries coréennes et c'est ce que je vois tous les jours au Japon. La jeunesse chinoise, et principalement de Pékin puisque c'est là que débute l'histoire de Au gré du vent, semble également être fort attachée à son apparence et aux jugements des autres plutôt qu'à affirmer son for intérieur. Ainsi, Yumeng se fait passer pour une grand chroniqueuse avec un salaire élevé, alors qu'en réalité elle gagne péniblement son pain et peine à se faire reconnaître par sa supérieure. Pendant son voyage au Népal, on découvre une jeune fille qui se révèle plus spirituelle qu'il n'y parait. Celle-ci rêve en effet de pouvoir laisser sa véritable personnalité s'épanouir et de rendre ses parents fiers d'elle.

Wang, de son côté, incarne le playboy riche et égoïste. Il dépense sans compter, laisse son père décider de sa vie et se comporte de manière hautaine et odieuse en permanence et vis-à-vis de n'importe qui ou n'importe quoi. Étrangement, il se sent fort attiré par le sort de sa nouvelle amie Yumeng et désire l'aider dans sa quête personnelle. Si l'on arrivera à un certaine conclusion du côté de la jeune femme, on ignorera par contre tout de celle de ce personnage, que j'ai trouvé désagréable tout au long de cette bande dessinée. Li est celle que j'ai préférée et qui a été, malheureusement, le moins développé dans le récit. Elle est spontanée, chaleureuse et ouverte d'esprit. Elle représente d'une certaine manière l'objectif final de Yumeng. Même si l'on ignore la conclusion de son histoire – se remettre de sa rupture avec son copain -, on ne doute pas un seul instant qu'elle y arrivera par la suite, vu sa force de caractère.

En lisant la quatrième de couverture, je m'attendais non seulement à une histoire très spirituelle au sujet de la définition même du bonheur ou des valeurs importantes de la vie, mais aussi à un récit s'attachant à nous expliquer pourquoi les Népalais sont un peuple si heureux alors qu'ils vivent parfois dans des conditions de pauvreté extrême. Si la bande dessinée n'entre profondément dans aucun de ces sujets, elle souligne cependant un point important : être soi-même. Si cela peut sembler évident pour certains – comme pour moi :p -, il est vrai qu'il s'agit d'un problème important dans notre société devenue très superficielle – même si je trouve qu'il y a une tendance au mieux de notre côté du globe. Si Yumeng arrive au terme de son voyage à se réconcilier avec elle-même, je n'ai pas trop aimé la manière d'y parvenir, que j'ai trouvée trop superficielle et qui m'a donné l'impression qu'elle et Wang n'avaient rien compris à la question du bonheur. D'autre part, j'ai trouvé cela également dommage que l'on n'ait pas vraiment voyager au Népal entre les pages, ne découvrant qu'un seul temple et ce, malheureusement, sans aucun charme.

Comme je l'ai écrit au début de cette chronique, c'est la première fois que je lisais une bande dessinée chinoise. Et j'avoue avoir eu parfois du mal avec l'enchaînement des cases parfois trop brusque à mon goût. J'ai également eu quelques soucis avec des dialogues, trouvant le français peu naturel, ne voyant pas où l'auteur voulait en venir et me demandant s'il s'agissait d'un souci de traduction ou juste d'une manière différente de s'exprimer en chinois. Quoiqu'il en soit, je me suis de temps en temps sentie mal à l'aise avec le texte et le rythme du scénario. Entre l'histoire qui ne m'a pas amplement convaincue et ces petits soucis, je ne pense pas m'intéresser davantage à Jingjing Bao. J'ai en effet trouvé le récit d'Au gré du vent plutôt stéréotypé et juste bon à être adapté en série télévisée, que le grand public oubliera aussitôt une autre sortie.

Ayant garder le meilleur pour la fin, je ne peux conclure mon avis sur Au gré du vent qu'en parlant des dessins qui m'ont incroyablement séduite. Golo Zhao a un trait très particulier, ne ressemblant ni à de la bande dessinée européenne, américaine ou même japonaise. Son dessin est fin et riche en couleurs. Ses illustrations sur deux pages, dont on a du mal à détacher le regard, mériteraient d'être exposé sur mur tellement elles sont belles. Mes attentes vis-à-vis du dessinateur chinois ont donc été plus que comblées et je pense tourner mes futurs achats BD vers sa saga de la ballade de Yaya dont il est également le scénariste.

Pour conclure, je dirais qu'Au gré du vent est le récit initiatique de Yumeng qui cherche à se réconcilier avec elle-même. Si la quatrième de couverture semble promettre un voyage au coeur du Népal et une histoire spirituelle, ces points ne sont que peu abordés par le scénariste qui s'est davantage concentré sur son héroïne et son ami Wang. Malgré quelques petites gênes au niveau du texte, j'ai été séduite par les dessins de Golo Zhao. Au gré du vent fut donc une agréable lecture, mais je n'en retiendrai malheureusement rien, mis à part le talent de l'illustrateur.
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