Pas toujours facile de reprendre une série mythique, car il faut bien reconnaître que Tibet et
André-Paul Duchâteau ont créé un héros d'anthologie. Célèbre pour ses vestes qui remplissent sa garde-robe et ses pulls à col roulé, journaliste à la Rafale, Ric Hochet est sans doute à peine moins connu que le reporter du Petit Vingtième...
Dans mon souvenir (car je n'ai jamais trop suivi la première série), Ric Hochet est une sorte d'avatar de
Jean Marais dans la série des Fantômas. Sans doute n'est-il pas que cela. Mais c'est l'image que j'en ai. Et que je n'ai pas retrouvé ici.
Cela dit, on a sorti la grosse artillerie pour cette renaissance.
Zidrou au scénario, c'est du très lourd. Côté dessin,
Simon van Liemt fait ce qu'il peut... son trait est un peu moins fluide, plus brouillon, que Tibet, même si pour être équitable il faudrait le comparer aux premiers Tibet... mais sans être un fan de Tibet, c'est encore à son avantage que la comparaison peut se faire.
Zidrou semble hésiter entre l'hommage, le second degré, la démystification, le premier degré... et au final il met pas mal de temps à trouver le ton juste, à mon avis.
Il multiplie les références aux enquêtes passées. Porquerolles est au centre de tout. Mais également le méchant qui est le Caméléon, un adversaire de longue date...
Zidrou se moque ensuite des caractéristiques fondamentales de Ric Hochet, c-à-d des vestes "dalmatien", des travers de Bourdon, on le sent (ce n'est que mon avis) prisonnier du personnage de Ric Hochet, plutôt que l'inverse.
Autant dire que la personne qui débarque de nulle part va avoir du mal à apprécier pleinement les allusions. Et le vrai fan de Ric Hochet peut s'en offusquer... On le sait, c'est un exercice ingrat que de reprendre une série d'une telle ampleur.
Sinon, l'histoire m'a semblé très conforme à l'esprit qui prévalait "avant". On n'a pas vraiment de doute sur le fait que Ric Hochet triomphe, mais on veut juste savoir comment. On grossit le trait, on enfonce le clou... le suspense est à son comble: comment va faire Ric? Et tout s'arrange (ou presque).
Ici, j'ai trouvé le flux de la BD inégal, déséquilibré, mal maîtrisé, très rapide à certains moments, et très lent à d'autres. Et les incohérences (dont je peux reconnaître qu'elles forment aussi la marque de fabrique de la série) m'ont perturbé. Au moins, cela m'a donné l'envie de (re)découvrir la première série...