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Critique de Davalian


La Fortune des Rougon est le roman des origines, le prélude au cycle des Rougon-Macquart qui compte parmi l'oeuvre la plus connue de Émile Zola. Au titre d'une introduction, l'ouvrage pose les premiers jalons des dix-neuf livres qui vont suivre. Les puristes évoqueront sans doute Thérèse Raquin qui demeure pourtant une histoire indépendante si l'on s'en tient à la gestae familiale.

Tout le monde l'aura déjà compris : il s'agit d'un classique, d'un roman dans le sens noble du genre. Autre dit, voici une oeuvre de grande qualité qui a eu le mérite de porter le genre à une époque ou il était contesté. Outre l'intrigue, sur laquelle nous allons revenir, le récit se caractérise par son engagement politique (élément à part entière du roman, aujourd'hui tombé en désuétude). Avant son célèbre J'accuse, voilà Zola qui pourfend le Second Empire en tournant en dérision la cupidité, la frousse, l'absence de scrupules d'une bourgeoise qui se rallie au coup de force du futur Prince-Président et bien plus lointain encore Empereur. Pourtant, il s'agit bel et bien d'une critique de l'Empire et de sa cohorte de ralliés plus insincères les uns que les autres.
Outre ce regard orienté à caractère structurant, l'intrigue se compose de deux épisodes qui s'emboitent. D'une part l'amour chaste d'un adolescent et d'une enfant et d'autre part de la stratégie de conquête du pouvoir par une bande de réactionnaires locaux bien peu inspirés et plus originaux les uns que les autres. La seconde sert de prétexte à une critique acerbe. le premier épisode, lu aujourd'hui étonne. le côté romantique (l'inspiration antique, l'Amour qui se dévoile et se découvre dans des circonstances pour le moins originales (le puits), son caractère inéluctable) est omniprésent, mais certains détails interrogent (le regard constant de l'écrivain déjà trentenaire est tellement présent qu'il agace et dessert l'idylle). Leur dénouement rejoint avec habilité les objectifs de l'auteur. Une nouvelle fois, celui-ci est omniprésent du début à la fin.
Lire un classique dont ces conditions n'est pas un exercice facile. D'autant plus que l'écrivain se permet des traits que l'ont peut d'autant plus facilement lui reprocher qu'il appartient à une époque révolue. La caricature est trop fréquente et trop marquée, certains passages sont d'une langueur (pardon) d'une longueur monotone. le ton est toujours virulent, quitte pour cela à faire le choix d'un déterminisme pour le moins agaçant. Toute comme certains seront agacés par cette capacité de tordre le coup à l'Histoire pour mieux valoriser certains épisodes (qui cadrent avec la ligne de l'ouvrage).

Ce grand classique de la littérature doit donc être lu dans une perspective critique. Rendre hommage à l'oeuvre est un présupposé indispensable et de nombreux éléments viennent entretenir ce respect (l'ampleur de la gestae, le nombre de personnages, les situations bien travaillées, les retournements de situations). Mais cet hommage ne peut faire l'impasse d'une certaine prise de distance. A réserver à un public averti donc ! Et conscient qu'il ne s'agit pas là d'une leçon d'histoire, ni même de sociologie…
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