AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JCOates


Dans ce sixième tome des Rougon-Macquart, Zola se concentre sur le personnage d'Eugène Rougon, fils de Pierre et Félicité, et prend pour thèmes la politique et le pouvoir. le personnage d'Eugène est le plus souvent nommé par son seul patronyme, l'auteur insistant sur son appartenance à cette branche de la famille dont il tire son goût pour le pouvoir et la puissance. Eugène avait déjà fait parler de lui dans les précédents tomes, convertissant notamment ses parents aux idées napoléonniennes et participant au coup d'État du 2 décembre 1851. Au sommet de sa carrière, il occupe le siège de président du Conseil d'État. le roman s'ouvre sur une séance à la Chambre des députés et sur l'annonce de sa démission. Il semble prêt à pouvoir tourner le dos à la politique et démarrer une nouvelle vie, mais sa cour de fidèles refuse d'accepter cet abandon. Grâce à son influence, Rougon a fait de nombreuses promesses à chacun d'eux et tous insistent pour qu'il retrouve sa place et honore ses engagements.


Rougon est un homme fier, orgueilleux et ambitieux. Plus intéressé par le pouvoir que par les rapports humains, il prête peu attention aux femmes. Il finira cependant par se marier mais uniquement par obligation. Son épouse ne joue aucun rôle dans le roman. La seule femme qui le fera perdre la raison est Clorinde Balbi, fille d'une comtesse italienne, d'une redoutable beauté et aimant les intrigues. Sentant qu'elle risque de lui faire perdre de vue ses ambitions politiques, il la marie à un proche collaborateur, mais leur relation restera ambiguë, les deux personnages se tournant autour dans une lutte souvent violente. Les proches de Rougon, menés par Clorinde, feront tout pour lui redonner une place dans l'échiquier politique, ce qui finira par payer. Mais la belle Italienne garde rancune contre Rougon qui a refusé de l'épouser et elle est bien décidée à se servir de ses proches pour le faire chuter à nouveau.

J'ai été moins séduite par ce tome, pourtant le thème pouvait m'intéresser, mais le manque d'action et la construction du roman m'ont par moments un peu lassé. Il a fallu que je m'accroche pour le terminer. Rougon est un personnage qui m'a semblé avoir peu d'épaisseur par rapport aux autres protagonistes, héros des tomes précédents. Il est certes ambitieux et orgueilleux mais il souhaite le pouvoir simplement pour le plaisir d'être le plus fort, non pour répondre à une véritable ambition. Alors que ces fidèles se réunissent dans ses salons pour comploter derrière son dos ‒ pour le servir, puis pour le desservir ‒, il enchaîne les parties de réussite et les gagne toutes. Activité assez significative de cette volonté de gagner pour le plaisir de gagner, sans chercher de gloire particulière.

Zola décrit une ambiance et des comportements dont on pourrait retrouver très facilement des traces encore aujourd'hui. Il offre une critique d'un monde politique où règnent l'opportunisme et les trahisons, il évoque la censure, la manipulation de la presse, l'argent,… Il nous montre un pouvoir qui passe de main en main, toujours fragile et arraché de manières douteuses. Les proches de Rougon se servent de lui pour arriver à leurs fins, le pressent d'agir vite et retournent leur veste à la première occasion. Même si on le croit sourd aux manigances qui se trament derrière son dos, Rougon semble avoir conscience de la réalité, en témoigne sa réponse à l'Empereur : « Non sire ils ne m'adorent pas ils me soutiennent ».

Ce roman est également l'occasion de se plonger dans les coulisses du Second Empire (aux lecteurs de faire le tri entre la part d'imaginaire et la part documentaire). Zola en dresse un portrait assez critique, sans transformer son roman en pamphlet.
Lien : https://cafeantidote.wordpre..
Commenter  J’apprécie          30







{* *}