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Critique de LaBiblidOnee


Ayant très envie de poursuivre ma découverte de l'oeuvre de Zola après « La bête humaine » et « Au bonheur des dames », je parcourais les thèmes traités par ses autres romans lorsque « l'Assommoir » a attiré mon attention. le thème de l'abus d'alcool voire de l'alcoolisme est toujours d'actualité et notamment avec les nouvelles générations qui pratiquent l'enivrement rapide (le binge drinking) grâce à des méthodes de plus en plus inventives et dangereuses (et ce, simplement pour faire comme tout le monde, s'intégrer, s'amuser plus librement ou encore épater la galerie…).


Ce que raconte "L'Assommoir" d'Emile Zola :

Dans ce roman bien sûr, on découvre plutôt comment l'alcool prend possession d'une autre catégorie de personnes : les ouvriers désoeuvrés, pauvres ou malheureux du début du 20ème siècle, qui se tournent vers l'alcool pour oublier la faim ou leurs problèmes ménagers. Emile Zola nous présente Gervaise, provinciale arrivée à Paris avec son amant Lantier pour fuir son père qui la bat chaque jour un peu plus. Lantier, qui l'a mise enceinte, ne veut pas l'épouser, mais s'engage à trouver une situation pour leur famille à Paris. Pourtant, dès leur arrivée, il est grisé par le sentiment de liberté et les plaisirs à portée de main : Il passe ses journées à prendre du bon temps dans les bars au lieu de chercher du travail et rentre donc saoul tous les soirs. Il devient violent avec sa femme et ses enfants et les oblige à vendre le peu d'effets personnels qui leur reste, avant de s'en aller avec sa maîtresse.


Gervaise jure alors qu'on ne la reprendra pas avec un homme car, si elle parvient à travailler assez pour nourrir sa famille, elle ne veut pas qu'un homme les ruine encore en dépensant chaque sou dans l'alcool. Mais elle rencontre Coupeau, sobre comme un chameau et qui sait résister aux invitations de ses amis dans les bars. Elle se prend d'amitié pour lui et finit par céder à ses avances durables et insistantes de crapaud mouru d'amour en se mariant avec lui. Coupeau gagne honnêtement sa vie en exerçant le métier de zingueur qui lui plait beaucoup, et il ne bat pas sa femme. de cette union apparemment saine et solide naîtra Nana, mais celle-ci fera un jour tomber son père du toit où il travaillait. C'est là que les ennuis ont commencé.


Car non seulement les soins du malade coûtent cher, mais surtout, celui-ci, désoeuvré, prend goût au farniente et à la goutte qui remonte les petits coups de déprime ! Et comme les mauvaises habitudes sont dures à perdre, s'amorce alors une lente et douloureuse descente aux enfers pour les Coupeau…


*****

Le style de l'auteur :

J'ai trouvé « l'Assommoir » encore plus facile à lire qu' « Au bonheur des dames ». Est-ce que je m'habitue ou le style était-il différent, plus direct ? Un peu des deux, puisque l'auteur, par l'intermédiaire d'un narrateur omniscient, écrit comme pensent ou parlent ses personnages. Et ici, parmi les ouvriers et les soiffards, il le fait vraiment très bien : On les entend à la lecture !


La présentation de sa problématique :

Je m'attendais à ce que Zola profite de ce roman pour décortiquer les pensées et raisons profondes et personnelles de chaque personnage, leur psychologie intime et secrète qui participe de leur penchant de plus en plus prononcé pour l'alcool. En réalité, il insiste plus sur les faits qui, dans un premier temps, provoquent ce besoin, puis l'entretiennent de plus en plus facilement, nocivement… jusqu'à devenir irrésistible. Mais justement, c'est ce qui souligne que ce n'est pas un mécanisme conscient et intellectualisé par les personnages qui, au contraire, ne se rendent pas compte qu'ils deviennent dépendants. Et c'est bien là tout le danger de l'abus d'alcool. « L'Assommoir », c'est donc à la fois le nom qu'on donnait autrefois au débit de boisson (et le nom de l'un des bars du roman), mais c'est aussi ce coup de massue que l'alcool vous assène, comme ce piège du même nom destiné à assommer les carnassiers et les rongeurs.


Les causes de l'alcoolisme dans le roman :

Au final, on voit que l'alcoolisme peut avoir de multiples causes (malheur, paresse, habitude du p'tit coup qui fait passer, manque, désoeuvrement etc…) mais qu'il est extrêmement difficile d'en sortir dans tous les cas, même pour ceux qui, au départ, détestaient l'alcool comme Coupeau... Il n'est pas facile non plus pour les proches de s'en rendre compte à temps, ni de savoir comment agir auprès de l'alcoolique : Gervaise est très démunie face à l'évolution de son mari, elle essaye la tolérance, puis l'incitation à l'occupation et au travail, elle tente de sévir, de l'amadouer, de le priver mais il est plus fort, devient menaçant et est plein de ressources pour la contourner ; Elle met beaucoup d'espoir dans les cures forcées à l'hôpital, mais une fois revenu dans la routine sans suivi sérieux, son mari replonge. D'autant que l'entourage est très important, et que Coupeau est entouré d'hommes comme lui qui s'entrainent mutuellement dans leurs chutes respectives en se payant des tournées amicales.


Les conséquences pour les personnages :

En plus des causes, Zola nous montre également les conséquences : Non seulement la violence, mais également les problèmes d'argent car tout part dans l'alcool, ruinant ainsi des familles avec enfants qui, sans cela, s'en sortiraient très bien avec leurs salaires ! C'est aussi un cercle vicieux, les alcooliques ne parvenant plus à conserver leur travail ce qui fait un salaire en moins. Et Gervaise, voyant que son commerce fleurissant va faire faillite à cause de son mari, désormais alcoolique notoire buvant chaque centime gagné, finit elle-aussi par se décourager, ne plus savoir comment lutter, ne plus pouvoir, puis se laisser aller à son tour. On observe alors la transformation, non seulement mentale mais aussi physique, des alcooliques qui finissent tous par avoir des symptômes inquiétants de leurs abus. Ils n'ont plus la conscience de leurs actes ni de leur propre apparence. Et puis vient la mise à l'écart de la société, quand tout le monde tourne le dos à cette famille de peur d'être sollicité pour un prêt, ou même d'être entrainé dans sa chute. Comment tout cela va-t-il finir pour Gervaise et sa famille ?


Verdict :

Zola nous offre une très belle fresque sociale de cette époque et de cette classe sociale dont les erreurs se répètent et se propagent comme la misère qui les entoure, mais surtout de cette maladie qu'est l'alcoolisme, dont le phénomène complexe peut trouver sa source dans toute chose et qui est très difficile à enrayer. Un livre qu'il peut donc être bon de faire lire en classe ou même ailleurs aux jeunes de nos entourage, afin d'en profiter pour les mettre en garde… !


Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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