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Critique de Cathy74


Zola est connu du public, surtout par son grand oeuvre au titre générique, "Les Rougon-Macquart". Poursuivant ma quête sur la vie au XIXe siècle, j'ai eu la curiosité d'aller du côté des "Trois Villes" et, néophyte, j'ai commencé par la dernière, "Paris".
Tout de go, je dirais, un roman type "matafan". On y retrouve chez Zola cette envie de brosser le bilan du siècle, mais un seul personnage, Pierre Froment, porte sur ses épaules le poids du texte et j'ai eu une sensation d'étouffement en le lisant. Il faut tout avaler d'un coup :
Le prêtre ayant perdu la foi, et qui oppose désormais au dogme religieux la foi scientifique, l'idée de charité à la justice sociale.
Son roman d'amour avec Marie, la très jeune fiancée de son frère aîné Guillaume, et les "tempêtes sous un crâne" décortiquées selon un long processus de doutes, de colères et de réconciliations entre les deux frères.
La décomposition d'une société où seule la classe bourgeoise, issue de la Révolution de 1789, a trouvé place et richesse, abandonnant à la charité chrétienne le monde ouvrier appauvri, qui ne bénéficie d'aucune protection sociale et désigné clairement dans "Paris" comme le Quatrième État (comme on dit maintenant le "Quart Monde").
La corruption des nantis, les grands scandales de la spéculation, leur monde du plaisir, du luxe et de la jouissance.
L'anarchie et ses actes terroristes, frappant à l'aveugle, période d'extrême tension où Pierre Froment découvre que son frère Guillaume, chimiste, est le concepteur d'un explosif de "dernière génération" qu'il veut mettre en oeuvre à Paris avant d'envoyer sa "recette" à tous les gouvernements afin d'annihiler la guerre, chaque pays se trouvant ainsi à la merci respective des autres (et comment ne pas penser alors à la force nucléaire, qui verra le jour au siècle suivant...)
La réflexion sur la défense du pays, armée de métier, enrôlement volontaire ou conscription, les idées s'affrontent.
Le pouvoir des médias de l'époque, acharnés - comme aujourd'hui - à gonfler les nouvelles, dans le but d'entretenir, encore et toujours, les ventes.
La lutte des classes, l'opposition du capital soumis à la concurrence et du salariat, soumis au marché. L'émergence des idées de collectivisme (le phalanstère de Fourier) et du paternalisme patronal.
La peine de mort, qui fait du XIXe siècle l'enfant en ligne directe de la Terreur et de la guillotine (« La Révolution, toute la Révolution, voilà la source de la littérature du XIXe siècle », écrira Victor Hugo en 1864), sentence qui laisse les familles du condamné, femmes et enfants, encore plus pauvres et misérables et soumis à l'opprobre et à la mendicité.
Au final, 430 pages dans mon édition, qui laissent le lecteur sonné, comme s'il avait reçu sur le crâne les 19 tonnes de la Savoyarde, Bourdon de la Basilique du Sacré-Coeur, promis un temps à la démolition par Guillaume Froment (le frère aîné chimiste, vous suivez toujours ?)
Mais aussi un roman passionnant, foisonnant, lu avec plaisir, au prix, je l'avoue volontiers, de quelques pages abandonnées en cours de route... Je vais me mettre en "vacance" avant de continuer le chemin à l'envers : Rome, puis Lourdes.
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