AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LoupAlunettes



Il n'est pas de toile assez délicate, assez fine qui ne veuillent accepter d'accueillir les dragons d'exception de Thong-Li.
S'appliquant de la pointe de son pinceau, posant sa couleur et développant son motif à fleur de fil, Thong-Li est virtuose et loue le vieil homme qui lui fit cadeau de ses outils incroyables en échange d'un tout petit poisson bleu aux yeux d'étoiles que le fils de pêcheur lui offrit gratuitement.
Les pinceaux et les couleurs lui permettent enfin de réaliser ses souhaits, dessiner autre part que sur le sol avec ses doigts, projeter son plaisir et libérer son imaginaire sur une surface qui ne l'effacera pas par l'eau ou les pas.
Le village entier venait admirer son talent, sa dextérité à créer des dragons colorés sur des toiles...d'araignée.
Mais l'empereur, l'envieux, l'orgueilleux, le cupide, donna l'ordre aussitôt à ce que ce talent, dont la valeur inestimable ne pouvait que lui appartenir, lui soit réservé.
Le seigneur empereur donna l'ordre à ce que le petit se mette à son service et peigne chacune des toiles d'araignée des mille et une pièces de son palais sous peine d'y perdre la tête d'un coup d'épée.
S'exécutant pour regagner sa liberté le cas échéant, le petit va commencer pourtant à perdre peu à peu l'inspiration.
Toutefois, la providence des justes et la nature font bien les choses.
Elles comblent même les idiots et le seigneur tombera en amour avec une toile de goutte de rosée...

: « Toile de dragon » est un conte original de Muriel Zürcher, magnifique et d'une moralité toute simple mais éloquente.
Le début de l'histoire n'est pas sans rappeler le conte du « pinceau magique » où un petit garçon chinois également qui n'a pas de fortune se voit offert pour sa générosité un pinceau qui va combler ses envies de peindre.
Si dans ce conte classique l'enfant va découvrir qu'il peut donner vit à ses dessins et les offrir aux gens démunis de son village dans l'histoire présente, l'orientation est toute autre et la magie moins mystique, d'une séduction toute naturelle.
Ici, le rôle de l'empereur est de premier plan contrairement au conte traditionnel qui développe l'idée de générosité. La morale de « Toile de dragon » aborde la cupidité et la bêtise en sujets principaux. En effet, le seigneur égoïste et cruel fixe une mission longue et presque impossible à l'enfant qui la remplit cependant pour les besoins de l'histoire, pour marquer sa patience, son courage indéfectible et l'espoir qu'il conserve devant une adversité plus haute que lui.
Ici commence l'éloge de la sottise et elle se termine avec la chute, le seigneur souhaitant posséder une toile couronnée de gouttes de rosée.
Le grand et l'illustre empereur se pâme devant une chose magnifique certe toutefois très ordinaire, se saisi aussitôt de l'envi irrépressible de posséder une chose qui n'appartient qu'à elle-même.
A travers les illustrations de grande beauté de Qu Lan, les auteures rendent hommage à l'art, au pouvoir onirique de la peinture, à l'Asie et à la valeur tout aussi captivante de la nature qui nous entoure, ode à la création des petites choses simples et sans prix.
Une belle histoire à découvrir.
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}