AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SaveurLitteraire


Il y a de ces auteurs que l'on n'a pas encore pu lire, et une fois goûté à la saveur de leurs mots, on se demande… pourquoi a-t-on autant tardé à s'y mettre ? C'est le cas de Stefan Zweig que je découvre avec un recueil de deux nouvelles : Un homme qu'on n'oublie pas, et Était-ce lui ? Deux textes exquis, deux témoignages d'une humanité profonde et viscérale, aussi deux textes différents de ce qu'a pu écrire l'auteur dans toutes ses oeuvres.

L'édition que j'ai en ma possession introduit d'abord l'auteur par une courte biographie, l'occasion pour chacun d'apprendre à cerner, ou du moins à connaître, l'auteur derrière ses textes. La première nouvelle nous accueille sans plus de cérémonie dans sa chaleur familiale et son aura particulière : Un homme qu'on n'oublie pas est un texte court et banal aux premiers abords, mais l'on se surprend à réviser sa copie à la fin de ce doux moment. Écrit avec justesse, c'est le récit d'une rencontre vécue de l'auteur avec un homme hors du commun, celui qui porte des valeurs devenues globalement rares aujourd'hui. Une perle de gentillesse et de sincérité qui aide les autres sans rien attendre en retour, qui ne demande et ne prend que ce dont il a besoin, le tout en éclairant la vie de ses pairs par ses gestes quotidiens et sa philosophie de vie. Un modèle qui réchauffe le coeur !

Vient alors la deuxième nouvelle, plus longue et plus cruelle que jamais. Était-ce lui ? est un joyau qu'il faut prendre le temps de lire et de comprendre. Si les premières pages font état d'un récit tout à fait ordinaire et peu singulier, le reste ne manquera pas d'étonner. Un couple allemand emménage en Angleterre et se lie d'amitié avec un autre couple du voisinage. Or, le voisin se fait empressant auprès des nouveaux venus, débordant de joie et de vie. Pour le canaliser, le couple offre à ce gaillard et sa femme un chien. Vous connaissez l'histoire : que serait un monde sans drame ? Ce drame-ci pointe le bout de son museau plus rapidement qu'on ne le pense, et nous voici pris dans l'engrenage, vacillant sous la tension distillée !

Comment peut-on avoir un coup de coeur pour une nouvelle, pas un roman, UNE NOUVELLE ? Stefan Zweig passe maître dans l'Art de tenir le lecteur en haleine, tout simplement. En insufflant un élément peu commun dans son texte, en donnant à Ponto, le chien offert au couple de glue, des émotions que l'on qualifierait d'humaines. En le laissant évoluer sous nos yeux et virer vers le drame, tout en nous le rendant accessible avec son comportement, ses pensées, parfois. Ce chien fascine et occupe le devant de la scène, sans gêner la lecture ou irriter.

Il me serait difficile de parler davantage de Était-ce lui ? sans vous en révéler l'entièreté de l'intrigue, alors je me contenterais de dire que les mots et les événements ne laissent pas indemne, surtout après la dernière page. Nous qui sommes habitués à voir le point de vue de l'humain, nous voilà chamboulés par une nouvelle vision, celle de l'animal, le chien, ce chien. À la fois crédible et invraisemblable, quoi que l'on ne puisse pas vraiment le savoir, c'est un véritable coup de coeur assorti d'un malaise certain à mesure que les pages défilent. Si ma préférence va donc à la deuxième nouvelle, les deux ont été englouties avec la même ardeur ; il faut dire que Stefan Zweig a une plume remarquable qui sait creuser dans l'humanité, le meilleur comme le pire, le goût de la trahison ou de la générosité, de la haine et du respect. Que d'émotions !

Note : 4,5/5
Lien : https://saveurlitteraire.wor..
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}