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Critique de abfabetcie


Dans ce roman, on croise une galerie de personnages que nous ne sommes pas près d'oublier, dont les destins sont – tragiquement – liés. Ce roman est un véritable puzzle, chaque chapitre apporte une nouvelle pièce qui vient s'imbriquer dans l'histoire.
Tous les personnages – Edouardo, Arthur, Ibrahim, Gloria, Olga, Andrea, M. Who, Maribel –
sont des êtres cabossés par la vie, ou dont la vie a basculé, qui sont tous unis par la douleur, principalement celle de la perte d'un être cher (un enfant, une femme, un mari, un amant…) et par la haine. « À quoi sert la douleur, si on ne peut la partager avec celui qui te l'inflige ? Je ne suis pas là pour pardonner, Eduardo. J'ai besoin de comprendre, et j'ai besoin de haïr » dit Gloria à Eduardo, le peintre à qui elle a demandé de réaliser le portrait de l'homme qui a tué son fils. « Qu'est-ce qui nous unit ? La perte, la culpabilité, le remords ?"
Et tous, à commencer par Edouardo sont à la fois victimes et coupables. Ces êtres portent tous une blessure qui a laissé en eux ou sur eux (pour Ibrahim) des cicatrices. Que cherche réellement Edouardo en acceptant la commande de cette célèbre violoniste de réaliser le portrait du chauffard qui a tué son fils alors que lui-même a perdu femme et enfant dans les mêmes circonstances et qu'il s'est fait justice lui-même ? le portrait qu'il va faire d'Arthur, le chauffard, n'est-il pas en réalité une sorte d'auto-portrait ? Où la vérité est-elle ailleurs ?
Aucune horreur ne nous est épargnée dans ce roman : viol, torture, assassinat, pédophilie, prostitution, on plonge petit à petit dans la noirceur la plus absolue. Et rien n'est laissé au hasard, et c'est là toute la puissance de ce roman policier, pas de place pour les coïncidences, tout s'explique et tout est lié, chaque acte découle d'un autre. Aucun détail n'est gratuit et les indices laissés par l'auteur sont nombreux pour tisser sa toile.
Del Arbol nous plonge dans la noirceur de l'âme humaine et dans le cercle infernal de la vengeance. L'intrigue est complexe mais ficelée de main de maître et le suspense est soutenu jusqu'à la fin car on ne sait quelle vérité va finalement se révéler, celui qu'on croyait coupable se retrouve victime, et vice-versa. Tous les personnages sont fouillés et l'auteur leur donne tant d'épaisseur qu'on ne peut que s'y attacher.
La construction de ce roman est si habile qu'on ne peut le lâcher : le portrait de chaque personnage est fait par petite touche, à l'image d'une peinture, et on est tour à tour plongés dans leur présent puis dans leur passé et les moments clés de leur vie, qui les ont fait basculés.
Un roman d'une grande noirceur où l'adulte n'est pas protecteur, le père, le mari souvent absents ou défaillants. Ce thème de l'enfance trahie est particulièrement touchant.
Une vraie réussite et une vraie découverte pour moi d'un auteur espagnol que je ne connaissais pas et dont je vais m'empresser de lire le premier ouvrage. Un coup de coeur !
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