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Critique de spleen


Dès le prologue qui se passe en 2001 près de Barcelone , le ton de ce pavé est donné : le lecteur qui se glisse innocemment dans ce livre assiste à la mort d'un petit garçon jeté dans le lac , meurtre ordonné par un certain Zinoviev.

Cet enfant est le fils de Laura Gil, personnage pivot de ce roman . Elle est flic et elle est aussi la fille ainée d'Elias Gil, mort dans des circonstances suspectes en 1967.

C'est une femme déterminée, elle enquête sur un réseau mafieux russe étendu de prostitution enfantine connu sous le nom de Matriochka et elle a également publié un article mettant à bas le mythe entourant la vie de son père .

Retour en 1933,où Elias Gil, avec son diplôme tout neuf d'ingénieur en poche arrive à Moscou avec trois autres jeunes hommes étrangers , fervents communistes, pour mettre leurs compétences et leur jeunesse au service de Staline et de l'Union soviétique .

Ils connaitront ensemble le camp de Nozino en Sibérie où les pires conditions de survie mettent à mal leur amitié et où leur candeur et leur jeunesse disparaissent à jamais .

À ces situations extrêmes , répondent une large palette de sentiments : amour et haine , lâcheté et loyauté avec des frontières qui s'effacent comme les paysages blancs de la steppe .
Jusqu'où un être humain peut-il aller pour sauver sa peau , l'amour est-il plus fort poussant au sacrifice ?

De retour de ce camp de l'horreur, Elias rentre en Espagne au moment de la guerre civile, en mission pour le parti communiste , puis lors de la défaite des républicains en camp à Argelès .

Entre les chapitres de l'histoire mouvementée et tragique d'Elias, l'écrivain bascule sur la période récente où Gonzalo, le frère cadet de Laura , avocat sans envergure et homme sans combat , est ébranlé par le suicide sa soeur et affronte peu à peu tous les non-dits de son enfance , de l'histoire de sa famille .
Il décide de reprendre le dossier sur cette mafia russe sans se douter où il va mettre les pieds.

Victor del Arbol malmène son lecteur, il faut s'accrocher devant les différentes tentacules , aussi bien du passé de communiste actif d'Elias, que de cette puissante Matriochka , son récit est comme les poupées russes, quand on croit avoir déroulé le fil, il en arrive un autre autant emmêlé.

Les portraits des personnages sont approfondis, léchés, ambigus souvent , laissant souvent un sillage de trouble chez le lecteur.

Héros ou monstre ?

"Le monstre avait peut-être toujours palpité en lui, attendant patiemment son heure pour dévorer la carapace qui le dissimulait au regard des autres. "

Jusqu'où nos convictions peuvent-elles nous mener , ne deviennent-elles pas souvent la façade pour une cause personnelle : narcissisme, vengeance, âpreté du gain, complaisance dans l'état de violence ...

J'ai beaucoup aimé ce roman bouleversant, dur, exigeant .

Si les conditions des goulags ont déjà étaient décrites, c'est à chaque fois la même abomination avec la nausée qui prend à la gorge .
Celles dans les camps des républicains espagnols, comme ceux d'Argelés ont été une découverte pour ma part .



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