AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BVIALLET


Cet essai débute par une analyse fort pertinente des paradoxes d'une civilisation reposant sur la dictature du moi et sur la souffrance causée par l'atomisation des rapports humains, l'individualisme et l'hédonisme poussé à leur paroxysme consumériste. Résultat : les gens, coincés entre travail et loisir, métro, boulot et dodo, tournent tous plus ou moins schizophrènes. « La France n'est pas la patrie des anxiolytiques, le paradis des antidépresseurs, la Mecque de la névrose sans être simultanément le champion européen de la productivité horaire. »
On nous amuse avec de faux problèmes ? Pour les auteurs, pas plus qu'il n'y a de choc des civilisations, il n'y a pas non plus de problème d'immigration car nous sommes tous sinon des immigrés, à tout le moins des déracinés. « Et de qui sont-ils, les enfants de cette époque, de la télé ou de leurs parents ? »
Même constat pour la famille, le travail, (« Trente ans de chômage de masse, de « crise », de croissance en berne, et l'on voudrait encore nous faire croire en l'économie. ») La ville n'est plus qu'un centre urbain, « une métropole » aliénante. « La métropole est cette mort simultanée de la ville et de la campagne, au carrefour où convergent toutes les classes moyennes, dans ce milieu de la classe du milieu, qui, d'exode rural en « périurbanisation», s'étire indéfiniment. »
La campagne désertifiée n'est plus qu'un « territoire », une sorte de conservatoire pour touristes. Dans sa jungle urbaine, l'homme n'a plus d'autre solution que de courir d'un point à un autre... « Ce monde n'irait pas si vite s'il n'était pas constamment poursuivi par la proximité de son effondrement. »
Il y est aussi fait pièce aux nouvelles lubies comme la fameuse « décroissance » (où il faut consommer peu pour pouvoir encore consommer. Produire bio pour pouvoir encore produire. Il faut s'autocontraindre pour pouvoir encore contraindre.) et à « l'écologie » autre nouvelle contrainte amenant dans ses fourgons le totalitarisme globalisé. « C'est au nom de l'écologie qu'il faudra désormais se serrer la ceinture, comme hier au nom de l'économie », lit-on.
Et après le constat viennent les « perspectives », cette fameuse insurrection qui vient. Les auteurs proposent de s'organiser en communes, petites entités révolutionnaires, armées mais non-violentes ce qui signifie prêtes à tirer sans forcément le faire), de se réapproprier la culture, la politique, les territoires, la production, les moyens de subsistance (potagers communautaires, récupération des machines abandonnées dans les usines ou les ateliers désaffectés) et surtout bras de fer jusqu'à la victoire finale avec la police, l'ennemi numéro un. « Là où les gestionnaires s'interrogent platoniquement sur comment renverser la vapeur « sans casser la baraque », nous ne voyons d'autre option réaliste que de « casser la baraque », disent-ils, ce qui a au moins le mérite de la franchise. Ils constatent également avec un froid réalisme que « gouverner n'a jamais été autre chose que repousser par mille subterfuges le moment où la foule vous pendra, et que tout acte de gouvernement n'est qu'une façon de ne pas perdre le contrôle de la population. »
Ce petit opus est un livre majeur. On pourrait le considérer comme le « Manifeste de l'anarchiste, ou de l'enragé du XXIème siècle ». Il a le mérite de lancer le débat sur l'avenir de nos sociétés, d'aller plus loin que les postures de type « Indignés » et de faire réfléchir tout un chacun même s'il n'adhère pas à toutes les propositions marquées au coin d'un extrémisme des plus radicaux.
«Devenir autonome, cela pourrait vouloir dire, aussi bien : apprendre à se battre dans la rue, à s'accaparer des maisons vides, à ne pas travailler, à s'aimer follement et à voler dans les magasins. » Tout un programme.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          113



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}