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Critique de Malaura


Combien d'amours morts, d'amours avortés, d'amours déçus ? Combien d'amours qui se meurent d'avoir trop aimé, qui se fanent devant des temps trop gris, combien, forgés dans une illusion vaine, n'éclatent sur rien qu'un peu de vide comme ces bulles de savon soufflées dans le vent par simple amusement ?
Avec ces amours mal-éteints, disparus ou défunts, vient le temps :
« Des Sentiments à la dérive / Et l'effort le plus quotidien / le vague souvenir des songes /L'avenir en butte à demain
Les mots coincés dans un enfer / Les choses grises et semblables / le coeur réglé comme un cercueil / Les espoirs réduits à néant »

Plus d'espoirs, plus aucune lueur d'espérance…Et pourtant, un beau jour, alors que l'on n'y croyait plus :
« L'été l'hiver je t'ai vue / Dans ma maison je t'ai vue / Entre mes bras je t'ai vue / Dans mes rêves je t'ai vue »

Symbole de résurrection, de renaissance, le recueil poétique de Paul Eluard (1895 – 1952) porte haut l'emblème de la foi retrouvée, en la vie, par l'amour.
L'abandon de Gala pour le peintre Salvador Dali et plus tard la mort prématurée de Nusch après 17 ans de vie commune, ont laissé le poète totalement abattu et découragé. Sans muse, sans compagne, il perd toute raison de vivre.
« Il faut tout dire en peu de mots / La mer est froide sans amour. »

Mais l'arrivée dans son existence de Dominique (Odette Lemort), sonne la fin de cette période d'accablante solitude et de lente dérive dans laquelle Eluard, n'ayant plus goût à rien, se laissait totalement sombrer.
« Tu es venue j'étais très triste j'ai dit oui / C'est à partir de toi que j'ai dit oui au monde »

Tel l'oiseau légendaire de la mythologie qui renait de ses cendres après s'être laissé consumer par sa propre chaleur, Paul Eluard reprend goût à l'existence et à la poésie au côté de sa nouvelle compagne et troisième muse à laquelle il rend un vibrant hommage en déclarant sa flamme et sa reconnaissance.
« Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion / Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas / Tu crois être le doute et tu n'es que raison / Tu es le grand soleil qui me monte à la tête / Quand je suis sûr de moi. »

Paru en 1951, le recueil est ainsi composé de poèmes centrés sur cette renaissance et sur cet amour inespéré vécu comme un retour du printemps. Comme l'incarne le grand oiseau de feu, il symbolise autant les cycles de mort que de régénération.
Biographique, il révèle le long cheminement du poète dont l'existence et l'univers poétique ne se conçoivent que dans la recherche de l'amour, de la connaissance, de l'émerveillement, de l'union avec l'être cher, et n'aspirent qu'à un achèvement dans l'apaisement et la sérénité.
Au bout de cet amour retrouvé, « le Phénix » est alors une résurrection de l'espoir, de la plénitude, de la foi, de la joie…de tous ces sentiments qui exultent et tourbillonnent autour de l'homme lorsqu'il aime et se sent aimé.

On pourrait invoquer de nombreuses raisons pour lesquelles on aime le recueil « le Phénix » de Paul Eluard.
La beauté des mots, leur musicalité, le fondu enchaîné dans lequel ils se coulent et se lovent l'un avec l'autre, l'un dans l'autre, comme des notes qui s'accordent, qui se greffent et se moulent pour former des chansons scandées par des refrains et des répétitions…. « Si je te parle c'est pour mieux t'entendre / Si je t'entends je suis sûr de comprendre / Si tu souris c'est pour mieux m'envahir / Si tu souris je vois le monde entier ».
Mais la vérité c'est qu'on aime ce recueil parce qu'il parle d'amour. de l'amour qui revit, qui fait s'ouvrir le ciel sur un morceau de bleu et renaître un printemps que l'on n'attendait plus. Une poésie pleine de confiance, d'euphorie et de lumière qui s'exprime dans un grand souffle d'espoir.
« Dans l'amour la vie a toujours / Un coeur léger et renaissant / Rien n'y pourra jamais finir /Demain s'y allège d'hier. »

11 morceaux de vie superbes de légèreté, de délicatesse, de sentiments dédiés à Dominique mais aussi à La Femme comme symbole de vie, dont Eluard célèbre le rôle d'inspiratrice, d'accompagnatrice, de lien essentiel entre l'artiste et le monde.

« La nuit n'est jamais complète / Il y a toujours puisque je le dis / Puisque je l'affirme / Au bout du chagrin une fenêtre ouverte »….
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