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Critique de lanard


On est trop souvent tenté de réduire Etiemble à son combat contre le franglais. Mais ce combat là n'était pour lui qu'un champ de bataille parmi bien d'autres où devrait se livrer une guerre mondiale contre ce qu'il appelle le babélien. le babélien est à toutes les langues ce que le franglais est au français et le globish à l'anglais ; le produit informe d'une contamination irréfléchie et paresseuse entre les langues. Dans cet ouvrage, l'auteur de « Parlez-vous franglais ? » et de « Le Babélien » étudie la manière dont les sciences produisent leur jargon, sur l'évolution du vocabulaire scientifique. Il s'y pose en juge de la création de mots nouveaux et des emprunts justifiés ou paresseux à d'autres langues par la communauté scientifique. Comme souvent chez Etiemble, l'essai est chauffé par l'humeur polémique. Il ne prétend pas constituer un inventaire exhaustif des pratiques linguistiques dans les laboratoires de toutes les nations. Mais la très vaste connaissance des langues de ce professeur de littérature comparée ouvre la réflexion bien au-delà de la question des usages scientifiques du français.
De nos jours (2016), les imprécations d'Etiemble (1966) semblent bien vaines. Etiemble a laissé le souvenir d'un puriste atrabilaire et vindicatif. Mais la qualification de puriste ne lui va guère; son intelligence des langues lui interdit de croire au concept de pureté linguistique. Et s'il a combattu les intrusions de l'anglais dans le vocabulaire français ainsi que les insidieux anglicismes, c'est plus par sa foi dans le caractère organique et vivant d'une langue dont il mesure la vitalité à sa capacité de puiser dans ses propres ressources pour créer des mots nouveaux ; l'emprunt inconsidéré dans le vocabulaire d'autres langues ne peut être qu'un signe de faiblesse. Mais il ne s'agit pas de faiblesse linguistique ; c'est le symptôme d'une faiblesse politique et économique. C'est une question de diplomatie culturelle ou de soft power.
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