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Trilogie de Jésus

Série de 3 livres (Terminée). Écrite par J. M. Coetzee (3),

Une enfance de Jésus par Coetzee
tome : 1
La mort de Jésus par Coetzee
tome : 3

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Une enfance de Jésus

Une enfance de Jésus, déconcerte au premier abord : on ne sait pour commencer à quoi fait allusion son titre énigmatique. De même ses mystérieux premiers chapitres racontent la difficile acclimatation d’un immigrant, Simon, débarqué d’un bateau en compagnie de David, un garçon de 5 ans qui n’est pas son fils, l’auteur insiste bien sur ce point, dans un pays hispanophone indéterminé, régi de façon vaguement communiste, comme Cuba en moins exotique. Simon trouve rapidement un travail comme docker, un emploi manuel qui étrangement n’est ni très dur, ni très astreignant, où il se socialise avec les autres ouvriers, qui de façon assez surréaliste suivent des cours de philosophie le soir à l’université, et discutent par ex. des idées platoniciennes en s’engageant dans des débats théoriques sur les concepts les plus abstraits.

Bref tout est fait pour désorienter le lecteur, et peut-être pour brouiller les pistes. Car très vite, après une brève liaison avec Elena, une femme mûre et équilibrée, dont le fils Fidel est un bon copain pour David, Simon, qui a pris en charge le gamin, décide de le confier aux bons soins d’Inès, une jeune femme gâtée et immature rencontrée par hasard, dont il sent instinctivement qu’elle doit être la mère de l’enfant !

Étrange, curieux et totalement déconcertant, car ce trio, hors de tout lien familial avéré, ne tarde pas à reconstituer une sorte de famille bizarre, entre Ines, mère surprotectrice, Simon, attaché à ses certitudes pragmatiques, et David, un enfant surdoué, capricieux, tyrannique, indocile et imprévisible : les trois protagonistes s’affrontent continuellement car les adultes, confrontés à cet enfant difficile, s’opposent quant à leurs choix éducatifs. Le comportement asocial de David à l’école ne fait que compliquer la situation, car les instances étatiques interviennent pour le placer dans une institution spécialisée, un choix que le trio refuse, pour des raisons différentes, et qui va les amener à migrer une fois de plus.

Le lecteur finit par comprendre que les circonstances restent secondaires et que ce qui importe, c’est le désarroi des adultes devant ce gosse compliqué, chacun réagissant à sa manière, l’une en surprotégeant et en faisant régresser l’enfant, l’autre en essayant vainement de le « raisonner ».

Et si dans ce roman, et qui plus est dans cette trilogie, Coetzee avait voulu traduire une tragédie familiale, l’enfance et les jeunes années de son fils unique suicidé à 23 ans ? Peut-être hanté par l’échec de son éducation, s’est-il posé les questions lancinantes auxquelles sont confrontés les proches des personnes suicidées : qu’avons-nous manqué ? qu’aurait-il fallu faire ?

Jésus, c’est sans doute le fils unique, mal aimé et incompris, voué à une mort précoce… Mais par discrétion et pour éviter toute réduction à un récit autobiographique, Coetzee a choisi le flou et le général, un pari pas vraiment réussi.

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