Gabriella Fiori

La liberté est la possibilité de penser l'obstacle inévitable, la nécessité, et de le vaincre par une pensée de l'action qui précède l'action même.

La guerre est le sommet de l'inégalité dans le rapport de force. Dans le "mélange inextricable du militaire et de l'économique" qui caractérise l'orientation productive de la société, la "guerre ne fait que reproduire les rapports sociaux qui constituent la structure même du régime."

La lecture effectuée du côté de la mort, "si nous transportons notre coeur hors de l'univers, hors de nous même, hors de l'espace et du temps" pour regarder le mécanisme de la nécessité, nous le fera apparaître tout autre. La nécessité deviendra alors entière obéissance à la volonté de Dieu.

Il y a nécessité d'un pouvoir parce que " l'ordre est indispensable à l'existence", mais l'attribution du pouvoir est arbitraire, parce que les hommes sont semblables. Or elle ne doit pas apparaître comme arbitraire, car il n'y aurait plus de pouvoir. Donc le pouvoir repose sur le prestige, c'est-à-dire sur l'illusion.
"Il semble qu'il y ait là une impasse dont l'humanité ne puisse sortir que par miracle".
Simone Weil dépensera toutes ses forces pour découvrir la possibilité de ce miracle (...) Nous verrons comment elle y accueille le rayon de la transcendance, l'appel de la lumière.

(Selon Alain) :

La faute pédagogique la plus grave, c'est de juger certains élèves moins intelligents que d'autres : c'est les enfermer dans un destin.

Quand un groupement humain se croit porteur de civilisation, cette croyance même le fera tomber dans l'action barbare et la justifiera immédiatement à ses yeux. "C'est pourquoi rien n'est plus dangereux que la foi en une race, en une nation, en une classe sociale, en un parti".

Les aspirations des mercenaires sont les aspirations des nazis (...). "Cette puissance est due à l'union des adolescents formés par le régime, et des hommes - à toutes les places responsables - formés par le régime de Weimar ou de Guillaume II".
Simone allait mûrir (...) le projet de formation d'un corps d'infirmières de première ligne ; il implique le sacrifice d'amour de la part de femmes qui puisse donner la preuve d'un courage d'amour. Ces femmes devaient être prêtes à courir tous les risques des soldats de première ligne "sans être soutenues par l'esprit offensif".

La barbarie est "un caractère permanent et universel de la nature humaine".

Tous les groupements politiques tendaient également à l'accentuation de l'oppression visant surtout à deux fins :
"D'une part la subordination et la dépendance impliquées dans les formes modernes de la technique et de l'organisation économique, d'autre part la guerre."
Tous tendaient également à agir jusqu'au bout dans la transformation de l'homme en chose inerte ; lors d'une guerre, ce but est atteint dans le cadavre. Mais les moyens sont devenus les maîtres : c'est le suprême renversement : les moyens l'emportent sur les fins.

Matière inerte, mécanisme ; l'histoire aussi en est un ; en nous il y a un côté mécanique, lourd, où s'enclenchent des engrenages, des rouages de la force. Pour accéder au sens de responsabilité, il faut sortir de la machine. Le premier pas, c'est de prendre conscience de notre lien avec elle, de notre esclavage, qui est tout d'abord une manière erronée de raisonner, par lieux communs qui règlent vite nos doutes dans une opaque satisfaction collective de nous-mêmes. La notion de barbarie en est un.