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3.75/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 800
Mort(e) : 843
Biographie :

Dhuoda (v. 800 - après 843), d'origine aristocratique (peut-être fille du duc Sanche Ier Loup de Gascogne), fut l'épouse de Bernard, duc de Septimanie. Elle l'épousa le 29 juin 824 dans la chapelle du palais d'Aix-la-Chapelle. Le 29 novembre 826, elle mit au monde un fils qui reçut le nom de Guillaume. La mère et l'enfant durent alors suivre Bernard dans ses nombreux déplacements que les bouleversements du royaume imposaient. Plus tard, Dhuoda s'installa à Uzès. Le 22 mars 841 naissait un second fils, Bernard.

Quand Dhuoda entreprit de rédiger un traité d'éducation destiné à son fils aîné, Guillaume, le jeune seigneur de quinze ans, elle était privée de ses deux fils : l'ainé fut envoyé à Charles II le Chauve, peut-être comme otage, le cadet, encore un bébé, était chez son père en Aquitaine. Sur sa vie après l'écriture du manuel rien n'est connu.

Son traité d'éducation, le premier connu pour le Moyen Âge, fut écrit en latin, à Uzès, de 841 à 843. C'est un manuel de morale chrétienne en 73 chapitres.
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Source : Wikipédia
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Bibliographie de Dhuoda   (1)Voir plus

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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Ce faible ouvrage est une supplication par laquelle je te recommande mon enfant en toutes choses, suprême dispensateur de tous les biens. Le royaume et le pays sont déchirés, mais tu demeures immuable. Puisse-t-on s'arrêter aux résolutions les meilleures.

Un signe de toi contient tout. L'immensité de la terre est toi. et à toi
seul toute chose est soumise. Toi dont le règne est éternel, aie pitié de mes fils. Que mes deux enfants, je t'en conjure, vivent dans le siècle en te chérissant toujours.
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On connaissait depuis longtemps l'existence du Manuále de Dhuoda ; quelques fragments en avaient été publiés dès le xvne siècle par Mabil- lon, et on savait que cet ouvrage renfermait de précieux détails pour l'histoire du ixe siècle. La publication de M. Bondurand doit donc être accueillie avec faveur.

L'auteur de ce Manuel, Dhuoda, était une dame de noble origine (on Га cru longtemps, sur la foi d'une mauvaise copie, sœur de l'empereur Louis le Pieux), épouse de Bernard, duc de Septimanie, conseiller et fidèle de ce prince. Elle vivait loin de son mari, loin de ses enfants qu'elle connaissait à peine, à Uzès, et c'est pour son fils Guillaume, au moment où, conduit par Bernard à la cour, il allait devenir le familier, le fidèle de Charles le Chauve, qu'elle écrivit ce petit traité de morale pratique. Le style de l'écrivain est souvent barbare et embarrassé, elle a un goût trop marqué pour les images pompeuses et pour les raisonnements abstrus, mais il est étonnant de trouver au ixe siècle une grande dame aussi instruite pour son temps. Non seulement elle connaît la Bible par cœur et elle cite les livres saints à tout propos et hors de propos, mais elle a lu également et elle cite Prudence, Pline, nombre d'ouvrages des Pères et paraît assez bonne théologienne. Les préceptes qu'elle donne à son fils Guillaume sont presque tous des préceptes de piété, assez banals, mais, dans certains chapitres , quand elle parle de son second fils éloigné d'elle avant même d'avoir reçu le baptême, quand elle rappelle à Guillaume les noms de ses parents défunts, de ses ancêtres, et lui demande de prier pour eux, on sent comme une émotion contenue, qui se fait jour sous les réticences de l'écrivain, en dépit de la barbarie et de la pauvreté du style.

A vrai dire, Dhuoda avait raison de recommander la prudence à son fils au milieu des orages delà cour auxquels il. allait s'exposer. Il était petit-fils du plus illustre peut-être des compagnons héroïques de Charlemagne, de Guillaume de Gellone, comte de Toulouse ; mais il semble qu'un sort funeste ait pesé sur cette maison. Le mari de Dhuoda, Bernard, père du jeune Guillaume, allait bientôt périr victime d'une intrigue; Guillaume lui-même subit le même sort en 850, enfin son frère Bernard, dernier rejeton de Guillaume de Gellone, succombera misérablement en 872. A notre sens, l'éditeur a trop aisément accepté le jugement sommaire de beaucoup d'historiens sur la conduite de Bernard, duc de Septimanie ; dévoué à Louis le Pieux, il partagea les malheurs de ce prince, et il serait oiseux aujourd'hui de rechercher s'il a été l'amant de l'impératrice Judith ; il est surtout regrettable que M. Bondurand ait cru devoir citer à ce propos la chronique dite d'Eudes Aribert, dont la fausseté est indéniable ; le fragment publié par les Bénédictins date tout au plus du xvie siècle.

Il ne faudrait pas demander beaucoup de renseignements précis à un traité tel que le Manuel de Dhuoda; on peut toutefois noter ses1 conseils à son fils sur la manière de se conduire à la cour auprès du prince, sur le respect qu'il doit à celui-ci, à son senior; on peut encore citer la recommandation de payer les dettes contractées par sa mère, de ne pas oublier de prier pour le salut de son âme, pour celui de ses parents défunts. Enfin Dhuoda échappe à la banalité du sujet qu'elle traite par le ton observé par elle, la mesure qu'elle sait garder.
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Ce rapide rappel historique va nous permettre de montrer l'originalité du Manuel de Dhuoda. En premier lieu, il n'est pas écrit par un clerc, mais par une femme laique, et cela lui donne une place unique dans la littérature latine du haut Moyen Age. D'autre part, c'est une mère qui adresse un livre d'éducation à son fils, et c'est également la seule oeuvre littéraire de ce genre. Sans doute le Manuel ressemble par certains côtés aux miroirs carolingiens contemporains : il est question de la lutte contre les vices et de la pratique des vertus, du respect envers ses parents, son roi, son seigneur et les prêtres, de la prière, de la sainteté du mariage, etc. Mais Dhuoda ne se limite pas à ces lieux communs de tous les ouvrages moraux. Elle veut que, dans ce Manuel, son fils Guillaume retrouve sa mère ; c'est un testament spirituel qu'elle adresse à celui qui est loin d'elle. Par suite elle lui rappelle quelques faits concernant sa vie; le Manuel a donc un caractère autobiographique que n'ont pas les autres miroirs. (...) De plus cette aristocrate, qui a reçu une instruction plus qu'honorable, a voulu transmettre à son fils l'essentiel de sa culture. Le Manuel va nous permettre de faire le bilan de la culture profane et religieuse d'une laique au milieu du IXe siècle.
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Le Manuel, ou Liber Manualis, fut écrit à Uzès par Dhuoda, épouse Bernard, duc de Septimanie, entre le 30 novembre 841 et le 2 février 843. Il est adressé à Guillaume, fils ainé de Dhuoda et de Bernard, alors âgé de 16 ans.
En intitulant son ouvrage Liber Manualis, Dhuoda a repris une expression classique. Un Liber Manualis est un petit livre que l'on pouvait tenir dans la main, pour s'en servir quotidiennement. (...) Les contemporains de Dhuoda ont quelquefois employé ce titre pour désigner les petits ouvrages de spiritualité ou de morale.
Dans le cas présent, ce Manuel est adressé à un jeune homme et entre alors dans un genre littéraire bien précis, celui des "miroirs". Dhuoda le dit explicitement dans sa préface : "Tu trouveras (en mon livre) un miroir où tu pourras contempler le salut de ton âme". A l'époque carolingienne, "manuel" et "miroir" sont quelquefois synonymes. (...)
Nous n'avons pas ici à étudier l'histoire de ce genre littéraire des "miroirs", (...). Rappelons simplement que ce genre est très ancien, puisqu'il remonte à l'antiquité égyptienne et hébraique, qu'il apparaît dans la littérature latine sous des formes diverses, et qu'il s'est transmis aux civilisations byzantines et même arabe.
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Ce livre n'est pas seulement pénétré de grâce et de tendresse mais par un saisissant contraste, il l'est aussi d'une amertume profonde, d'une de ces douleurs
incurables qui brisent l'âme et le corps. « La mort approche de moi, dit Dhuoda (...) et la détresse épuise mon corps ». « Je suis dévorée d'angoisses», dit-elle dans Epigramma. «Je pleure en faisant un retour sur moi-même », tel est le titre d'un chapitre.
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Le Manuel est donc bien différent des "miroirs" écrits par les clercs à la même époque. c'est vraiment le livre du parfait aristocrate. Dhuoda rappelle continuellement à son fils qu'il est issu d'une grande famille, que cette famille s'est illustrée ds deux côtés, que ses ancêtres ont été puissants dans le siècle, qu'ils ont transmis à Guillaume leur prestige et leurs richesses. La force des liens de parenté, de lignage, une des caractéristiques de la société féodale. Ces liens ont même une place plus importante que ceux de la fidélité au roi. (...)
Un chrétien doit respecter ses parents, Dhuoda le rappelle en se référant à des exemples bibliques, mais un jeune aristocrate doit surtout respecter son père. c'est un crime que de le trahir, comme l'ont fait les enfants de Louis le Pieux. Le père a dans la famille le principal rôle, c'est grâce à lui que l'on peut avoir un prestige politique et une force matérielle. Le fils doit donc prier pour le succès des entreprises temporelles de son père aussi bien que pour son salut éternel. Ainsi le Manuel présente, à côté d'une mystique de la fidélité, une religion de la paternité . Il ne faut pas se représenter Dhuoda simplement comme une mère aimante et faible. c'est une femme qui a mis toute sa force et sa fortune -elle a emprunté de l'argent aux juifs et aux chrétiens- au service du chef de famille. Obligée par son mari à demeurer à Uzès, elle ne se plaint que de l'éloignement de ses enfants, et continue à se réjouir des exploits de son mari. Réduite à l'inaction, elle écrit un livre à la gloire de son mari et de sa famille, livre qui devrait avoir sa place dans une histoire de l'aristocratie au Moyen Age.
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 Dhuoda
Dhuoda était donc une des femmes les plus remarquables
de son temps. Le Manuel,en effet, est empreint
d'une grande élévation de caractère et témoigne de connaissances
étendues pour l'époque. Il contient, par
exemple, la paraphrased'un passage de Pline la Naturaliste,
des citations de Prudence, de Donat, d'Ammonius,
et d'innombrables passages de la Bible. Il est
vrai que les grammaires qui avaient cours alors renfermaient
un grand nombre de citations d'auteurs classiques
ou de la décadence, et c'est peut-être là que
Dhuoda a puisé pour ses citations profanes
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Dhuoda était donc une des femmes les plus remarquables de son temps. Le Manuel,en effet, est empreint d'une grande élévation de caractère et témoigne de connaissances étendues pour l'époque. Il contient, par exemple, la paraphrased'un passage de Pline la Naturaliste, des citations de Prudence, de Donat, d'Ammonius, et d'innombrables passages de la Bible. Il est vrai que les grammaires qui avaient cours alors renfermaient un grand nombre de citations d'auteurs classiques ou de la décadence, et c'est peut-être là que Dhuoda a puisé pour ses citations profanes
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Pour Dhuoda la vie chrétienne est une marche, bien plus, un combat perpétuel. Ici l'auteur rejoint ses contemporains qui aiment à évoquer les luttes spirituelles. Après Ambroise Autpert, Alcuin, Jonas d'Orléans et bien d 'autres, Dhuoda montre à Guillaume comment il doit combattre les vices et acquérir les vertus. Reprenant un thème qui vient de la littérature monastique du Ve siècle en passant par Prudence et Grégoire le Grand, elle lui demande d'opposer vices et vertus, contraria contrariis, flèches à flèches. L'orgueil , l'envie, la luxure, ne sont pas dans le Manuel l'objet de chapitres spéciaux comme dans les autres miroirs, mais ils sont spécialement évoqués au cours de l'ouvrage, d'autant plus que ce livre s'adresse à un adolecent.
Pour obtenir le pardon de ses fautes, Guillaume doit faire l'aumône qui efface le péché, mais aussi se confier aux prêtres. (...) La confession à Dieu, le dialogue direct avec le Tout-Puissant lui paraît être également un moyen pour se libérer de ses fautes, et l'on peut dire que l'influence de la lecture des "Synonymes" d'Isidore a dû la marquer profondément. Dhuoda est également très discrète en ce qui concerne le sacrement de l'Eucharistie. A peine trouvons-nous une phrase sur le sacrifice de la messe dans le chapitre sur les prêtres, et quelques lignes sur les messes offertes pour secourir l'âme des défunts. La nourriture spirituelle de Dhuoda est avant tout la prière et la lecture des textes sacrés.
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Le Manuel doit également avoir sa place dans l'histoire de la spiritualité carolingienne. Dhuoda qui a une foi très vive, nourrie par la prière et la lecture, a voulu transmettre cette foi par son livre qu'elle présente comme une sorte de credo.
Elle veut en premier lieu instruire son fils de la grandeur de Dieu, idée qui est reprise tout au long du Manuel. En dépit des maux qui assaillent l'homme, Dieu doit être continuellement glorifié. Dieu est partout, dirige tout, Dieu possède tout. Comme pour renforcer l'affirmation de la transcendance de Dieu, le Christ apparaît à peine dans le Manuel, sinon en tant que Rédempteur ou seconde personne de la Trinité. En cela Dhuoda ressemble à ses contemporains qui, inquiets de l'attitude des adoptianistes espagnols qui donnaient à la nature humaine du Christ une trop grande place, retranchaient de leur dévotion celle de la personne du Christ. L'affaire de l'adoptianisme remonte à la fin du VIIIe siècle, mais on peut se demander, en lisant le Manuel, si cette hérésie n'inquiétait pas encore les esprits au milieu du IXe siècle. Une conséquence de la lutte anti-adoptianiste a été de délaisser le culte de la mère du Christ. Si la dévotion mariale n'est pas oubliée à l'époque carolingienne, elle l'est totalement dans le Manuel de Dhuoda, ce qui peut étonner de la part d'une femme.
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