J’aime la Corse […]. Aussi, n’ai-je pas songé à dissimuler les tares qui affligent ce beau pays. Elles sont dues à des causes dont la Corse n’est pas responsable. L’isolement insulaire, les agressions incessantes venues du dehors, qui ont éloigné l’homme des basses terres fertiles, l’ont rejeté en montagne, l’ont livré à la pauvreté et à la vendetta. Je crois fermement qu’on peut les extirper.
Nulle autre région du Canada, et peut-être aucun autre pays du inonde, ne présente dans un circuit restreint une telle variété de panoramas splendides. La montagne, la forêt et la mer sont réunies dans un même paysage grandiose; mais des rivières et des ruisseaux, tantôt bondissant rapidement sur un lit de grosses roches, au fond de vallées étroites, tantôt serpentant sans hâte au milieu de prairies verdoyantes, atténuent sensiblement ce qu'aurait de trop rude un tel panorama. Le voisinage immédiat des montagnes, dont quelques-unes sont massives et très hautes, et du majestueux Saint-Laurent ou de l'immense baie de Chaleur donne
naissance à une dentelle de baies et d'anses profondes, les unes découpées dans le roc solide et bordées de falaises gigantesques, les autres au contraire mollement arrondies dans le sable fin des grèves et bordées de prairies à peine vallonnées. Le fleuve et la mer reflètent dans leurs eaux limpides l'image sombre des forêts qui couvrent le flanc des montagnes. La côte tout entière, que longe la route dans son magnifique circuit autour de la péninsule, présente un rude tableau fait de force et de beauté.