À l'amitié
sentir quelqu'un
c'est sentir son ouverture
à travers ses verrous
p.12
Quitte le séjour, il se réfugie en toi. Le seul malheur est d'oublier que nous sommes l'immensité du ciel : uniques et incalculables. De rogner nos ailes aux ruelles du mensonge. De renier la grâce qui nous est, à tout jamais, accordée. Alors que déjà la joie monte et nous gagne comme un matin. Nous sommes un ciel, un espace ouvert, une vacuité sans fond qui contient le monde tout entier. Sans fin, le sans visage nous dévisage.
elle
devant moi
debout dans l'ombre
comme une lumière
arrête-toi
écoute
sans cette halte
le poème est inachevé
le poème
est biface
son miroir
te retourne
par cette poignée
de mots
je vous serre
la main.
Le séjour de l'éveil est dans la clarté de l'esprit, dans cette lumière irradiant toute chose de sa présence. Toute chose n'a lieu qu'en son séjour. Partout circule l'énergie, aucune chose ne serait sans elle; mais la pierre, la fleur, la terre ne se prennent pas pour autre chose qu'une manifestation de cette énergie. Seul l'homme pense être quelqu'un, se détache de sa source jusqu'à l'oublier.
un mot
plus léger que l’air
soulève
des montagnes.
Je vais aller où je ne suis jamais allé, là d'où je ne suis jamais parti. Revenir au séjour que je n'ai jamais quitté. Ce lieu abstrait, comparable au ciel immense, vide, lumineux, sans limite ni contour. Il n'est que de se retourner vers lui, vers ce que fondamentalement nous sommes. Retourner le regard vers sa source. Plonger dans la fontaine obscure d'où surgit le regard. Devenir ce qu'il n'a jamais cessé d'être. Une lampe allumée dans la nuit des tempes. Car le ciel n'est rien d'autres qu'un regard.
Si tout nourrit
l’âme
elle ne vit
que du miel