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3.83/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Marseille , le 18 avril 1932
Mort(e) à : Rome , le 07/08/1991
Biographie :

Charles Pietri est un historien français.

Ancien élève du lycée Thiers, Charles Pietri entre en 1952 à l'École normale supérieure et obtient l'agrégation d'histoire. Il effectue un séjour à l'École française de Rome. En 1961, il est attaché de recherche au CNRS. Assistant à la Sorbonne de 1963 à 1966, il devient ensuite maître assistant à l'université de Lille, puis maître de conférences à Paris-Nanterre.
Charles Pietri consacre sa thèse de doctorat, publiée en 1976, à l'étude de la Roma Christiana, de 311 à 440. En 1975, il succède à Henri-Irénée Marrou et occupe la chaire d’histoire du christianisme à l’Université Paris-Sorbonne. De 1983 à 1991, il est directeur de l'École de Rome. Le 17 novembre 1989, il est élu correspondant de l'Académie des inscriptions et belles lettres1

De 1970 à 1972, Charles Pietri est secrétaire général du SGEN. Il donne sa démission en mars 1974.

Également : https://www.brepolsonline.net/doi/pdf/10.1484/J.EUPHR.5.126277

et

https://www.universalis.fr/encyclopedie/charles-pietri/

https://www.persee.fr/doc/mefr_0223-5102_1991_num_103_2_1721
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Marie-Madeleine est bien plus qu'un personnage du Nouveau Testament ou qu'une sainte chrétienne. Elle est aussi, et surtout, celle qui du Moyen Age au Baroque, a attisé l'imagination de bon nombre d'artistes, peintres, poètes, musiciens. Dans la tradition occidentale, hébraïco-chrétienne, elle est peut-être l'unique expression significative d'un Féminin véritable, intégral, collectif et archétypique, apte à recueillir dans sa polyvalence, une infinité de projections. Ce que dit Jung du Christ comme archétype, est aussi valable pour elle
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Dans le cas de sainte Madeleine, le rôle du concile paraît essentiellement positif dans le domaine de la peinture: quelques scènes de sa vie, liées à des sources peu sûres, disparaissent, tandis que de nombreuses nouvelles scènes font leur apparition.
Les épisodes de la vie de la Madeleine qui ne sont plus représentés après la Contre-Réforme étaient dans la plupart des cas tirés de La Légende Dorée de Jacques de Voragine, unanimement condamnée comme trop légendaire. On ne peindra plus la Mondanité de la Madeleine (gravée de Lucas de Leyde en 1519) ni la Prédication de la Madeleine aux Marseillais ni les miracles de l'apostolat provençal.
A la fin du Moyen Age et à la Renaissance, les artistes multiplient l'image de la "myrrophore", élégante jeune femme représentée dans le riche accoutrement que portait la Madeleine dans les représentations des Mystères. Elle porte un vase généralement somptueux pour souligner le prix insigne du parfum qu'elle va répandre sur les pieds du Christ. Molanus s'insurge contre ce riche costume "c'est indécemment qu' elle est représentée par les peintres avec des vêtements d'apparat". Les théoriciens italiens de la Contre-Réforme s'élèvent aussi vivement contre ce luxe incongru
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La fortune de l'iconographie magdalénienne en Italie, entre les XIIIe et XVe siècles, s'inscrit au cœur de la Réforme Mendiante, puis des mouvements de l'Observance qui la traversent. Au XIIIe siècle, Marie-Madeleine est liée à l'Ordre des Franciscains : trois des plus grands cycles de peinture monumentale qui lui sont dédiés, sont commandés ou inspirés par les Franciscains. Ce sont d'abord les fresques qui décorent la chapelle consacrée à la sainte dans l'église inferieure de la Basilique Saint-François d'Assise, puis celles peintes dans la chapelle Rinuccini à l'intérieur de l'église Santa Croce, à Florence, enfin celles de la chapelle du Podestat dans le Palais du Bargello, à Florence aussi, dont il ne reste plus grand-chose aujourd'hui . Marie-Madeleine appartient à la pastorale des Frères.
A partir des années soixante-soixante-dix du XIVe siècle, un reclassement s'effectue au sein de la clientèle des Ordres Mendiants, au profit des Dominicains, mieux insérés dans le patriciat urbain. Parmi les couvents des Prêcheurs, ceux de Fiesole à la fin du XIVe et de Saint-Marc à Florence au XVe assurent à Marie-Madeleine son plus vif succès : elle en vient à incarner, aux yeux des Observants et de leur clientèle, l'image parfaite de la pénitence.
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Le thème des femmes amantes délaissées qui dans I'intensité de la passion dépassent les hommes et se dépassent elles-mêmes est un leitmotiv de la poésie rilkienne. Marie-Madeleine est I'incarnation exemplaire de la « Liebende », l'amante qui se réalise non pas dans la possession mais dans le renoncement à l'objet d'amour car Dieu n'est pas un objet mais une direction ainsi que Rilke l'écrit dans Les cahiers de Malte Laurids Brigge.
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Mais le principal enseignement proposé par l'illustre pécheresse repentie est bien entendu l'exemple de la pnitence, Speculum penitentiae. Les protestants rejetaient certains sacrements comme la confession car ils jugeaient le baptême et la foi suffisants pour la rémission des péchés. « Péche hardiment mais crois plus hardiment encore » clamait Luther. Les exégètes catholiques s'emploient activement à réfuter cette affirmation ; le cardinal Robert Bellarmin, saint jésuite célèbre pour ses Controverses, consacre en 1613 un épais volume à la faute et à la à nécessité de la pénitence. La Madeleine éplorée représentée pieds du Seigneur chez Simon le Pharisien est l'image même de l'absolution : « Remissa sunt ei peccata multa, quoniam dilexit multum » ; dans sa retraite à la Sainte-Baume, elle incarne à la fois pénitence et repentir, c'est-à-dire, avec l'absolution, les trois éléments du sacrement de pénitence.
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Ies décrets du concile en matière d'art religieux sont la formulation définitive d'une évolution qui apparaît en fait dès 1530 en Italie. Les auteurs des traités ont développé et complété les enseignements de Trente en présentant une doctrine cohérente: l'art doit être utile à l'homme, agir sur les sentiments des croyants, adhérer à la réalité visible. Il semble que les peintres, dans leur grande majorité, ont représenté sainte Madeleine en tenant compte de tout cela, sans doute sous l'impulsion de leurs commanditaires.
On pouvait craindre que les règles édictées par le concile de Trente, puis les théoriciens de l'art chrétien, tarissent l'imagination créatrice des artistes ; il n'en fut rien, malgré les consignes prudentes quant à l'orthodoxie des images, les pein- tures de sainte Madeleine connurent un formidable développement.
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Sainte Madeleine est la preuve même du mérite obtenu en méditant dans la retraite les vérités de la foi : elle est poussée par l'amour et non l'orgueil de vouloir se sanctifier par ses propres œuvres, comme le croyaient les Réformés. Les tableaux représentant Jésus chez Marthe et Marie (Luc 10, 38-42) sont à cet égard très significatifs : un commanditaire catholique fera représenter Marie-Madeleine aux pieds du Christ, mains croisées et totalemnent inactie, écoutant la parole du Seigneur. Un protestant ne peut accepter cette représentation qui prouve (d'après le texte évangélique même) la supériorité de la vie contemplative sur la vie active : il fait placer dans les mains de Marie un gros livre, la transformant ainsi en pieuse Réformée lisant I'Écriture.
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Le gnosticisme dresse apparemment un évangile contre un autre, l'évangile magdaléen contre I'évangile apostolique, enseignement contre enseignement, doctrine contre doctrine. Mais la mystique bérullienne, spontanément, sans thématiser, dit qu'entre Jésus et Madeleine tout a lieu sans enseignement, sans doctrine, de l'un à l'autre immédiatement. Le secret n'est pas caché. Il est même en un sens toujours manifeste dans les regards, les gestes, les états- j'emploie un mot éminemment bérullien - de la Madeleine. Mais c'est l'immédiat du coeur qui laisse sans mots et sans voix pour le dire.
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Les Dominicains Observants, acteurs principaux de la figure, portent la Madeleine très haut dans la théologie morale à travers une formulation iconographique simple. Leur discours est relayé par une pratique artistique qui n'hésite plus à renouer avec les leçons de l'Antiquité. Marie-Madeleine triomphe seule sur les retables, dans la pierre ou dans le bois. Du personnage christique à l'Eglise des derniers temps, de la sainte qui tient son rôle dans la congregatio sanctorum à la martyre sans le sang, Marie-Madeleine a gagné, sous l'influence des Ordres Mendiants, Franciscains et Dominicains, un rayonnement de plus en plus dense et un sens de plus en plus profond. A ce point de l'évolution une question se pose : quelle place laisse-t-elle à la Vierge Marie ? Ne contribue-t-elle pas à en faire un personnage éthéré, un peu plus éloigné des préoccupations morales de tous les jours, la Mère de Dieu ? En 1358, sur le petit triptyque qu'il peint pour l'église des Saints-Sixte-et-Dominique à Rome, Lippo Vanni présente les trois figures de femmes qui sont en question : Marie sur son trône; Marie-Madeleine sur la droite ; Eve pécheresse assise au pied du trône de Marie. Le peintre illustre le thème marial de la nouvelle Eve. Face à Madeleine, il dispose saint Dominique nouvel apôtre assistant au Mystère de l'Incarnation. Marie-Madeleine intervient comme le premier des Apôtres, le premier témoin du Christ Ressuscité. Sa résonance ne connait dès lors aucune limite.
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L'ignorance et le silence attestent la primauté de Madeleine dans I'Ordre de l'amour qui lui est, écrit Bérulle, « réservé ». Peu de livres, sans doute, poussent aussi loin que celui-ci l'opposition entre la connaissance et l'amour. Madeleine est la plus aimante parce qu'elle est la plus ignorante, ou pour reprendre un terme que j'ai cité, parce qu'elle est destituée d'intelligence.
L'amour pur ne souffre pas d'impureté, c'est-à-dire de la moindre trace d'amour-propre. Or, la connaissance de l'autre I'attache toujours peu ou prou à des raisons de l'aimer. La Madeleine de Bérulle ne paraît même pas connaître qu'elle aime.
C'est pourquoi la mystique de l'amour proposée dans l'Élévation, ne se présente jamais comme une « mystique nuptiale », celle qui, amplifiant le Cantique des cantiques, célèbre l'âme et son époux. Celle-ci instaure encore une relation, une considération réciproque de l'un par l'autre. Le texte de Bérulle me paraît toujours tâcher d'exprimer en la Madeleine ce qui dépasse l'amour par reconnaissance mutuelle, fût-il le plus exempt d'attachement à soi. Avec Madeleine ce n'est pas de détachement qu'il s'agit mais d'annihilation ou d'anéantissement.
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