La main sur la charrue -
Heureux celui qui gère sagement
sa tristesse et apprend à la répartir sur les jours
Les mois et les années peuvent passer jamais elle ne lui manquera
Oh ! qu'il est triste de vieillir sur le seuil de la maison
de tresser de ses mains un cœur tardif
Oh ! qu'il est triste de risquer par d'humains retours
l'équilibre bleu des derniers matins de l'été
le long de la mer débordant de nous-mêmes
dans le très long adieu de notre condition
Elle est triste dans le jardin la solitude du soleil
il est triste de le voir depuis le bruit et les maisons de la ville
jusqu'à un vague soupçon de fleuve
et à la petite vie que l'on octroie aux ongles
Il est bien plus triste d'avoir à naître et à mourir
et qu'il y ait des arbres au bout de la rue
Il est triste de traverser la vie comme si l'on était
de retour et d'entrer humblement par erreur dans la mort
Il est triste de conclure en automne
que l'été était l'unique saison
Le vent solitaire est passé et nous ne l'avons pas reconnu
et nous n'avons pas su aller jusqu'au fond de la verdure
comme des fleuves qui savent bien où rencontrer la mer
(...)
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