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EAN : 9782909428178
85 pages
Editions de L'Escampette (30/11/-1)
3.75/5   2 notes
Résumé :
« Les références culturelles, comme la tendance philosophique décelable dans la première phase de son œuvre, peuvent donner l'image d'un écrivain éloigné soit du réel soit de la vie; et ce que l'on sait des circonstances qui entourent la production de cette poésie peut imposer une lecture crépusculaire et désenchantée de cet univers. Et il est vrai que la poésie de Ruy Belo est aussi cela ; mais il y a, pour rééquilibrer cet aspect, la force lumineuse d'un élan amou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est au travers de la très belle Anthologie de la poésie portugaise contemporaine parue chez Poésie Gallimard que j'ai fait la connaissance de Ruy Belo. Je le retrouve ici au travers d'un choix de ses poèmes traduits et publiés aux éditions de l'Escampette en 1993.

Dans des Poèmes longs et de forme libre, écrits pour la plupart dans les années 70, Ruy Belo explore, dans un style simple, l'espace qui oppose le moi intime de l'être et le monde extérieur perçu au niveau des défis que celui-ci jette. Cet espace permet au poète de composer avec les éléments de la réalité qui s'offrent à lui, jusqu'aux éléments de la vie quotidienne.
Avec une acuité particulière, Belo est attentif aux sensations nées du monde, extérieures à lui, vues comme quelque chose d'étrange, vues par un être qui considère ne traverser la vie qu'en transit.


« Genèse et développement du poème

Des voix proches qui viennent de l'enfance
à travers l'accent de quelqu'un qui parle à côté
le soleil inexorable sur l'eau
des pressentiments qui arrivent avec le vent
la vieille forteresse la vue de la baie
la marée haute l'après-midi les nuages l'azur
mémoire de tout cela un autre été dans un autre lieu
et par mon regard visiblement sacrifié
tout devenu possible grâce à cette table et à ce stylo bic
grâce à ce papier pardonne-moi mon amie grâce à ce bar
la solitude assurée par la foule
la lumière l'heure les vacances le dimanche
le calvaire en pierre la place l'automobile
tout cela importe peu ce qui importe avant tout
ce sont les infimes et seuls mots qui me restent de tout cela
et qui fixent tout cela : « temps suspendu » ou « mer immobile »
ou « je me sens bien » ou encore - que sais-je ? -
« quelqu'un vient de mourir »


Comme à la manière de Fernando Pessoa, Ruy Belo pose les thèmes de ses textes comme un sujet éthique où l'être réel est considéré dans son dialogue avec l'être poétique. le regard du poète se distancie et s'autonomise par rapport à l'homme du temps présent, prisonnier du temps, du quotidien.

Toujours, avec une approche Dans une écriture dégagée de tout excès du pathétique et d'effusion lyrique, le poète portugais évoque avec sensibilité les thèmes de l'amour, de la mort, de la nature, du passé, de l'avenir, de son pays, le Portugal, de la mer, de la présence de la femme aimée, de l'écriture,... de là, naissent des poèmes d'une troublante et touchante beauté.


« [...]
Les adieux soudains du soleil
les adieux des jours et des saisons
le crépuscule propice aux adieux
c'est à cette vie fragile que j'aspire
triomphe sur la vie fugitive
oiseau livré au vol décisif
pensées d'une tendre nostalgie
jardin aux pensées harmonieuses
je te donne de toute mon âme le nom de l'absente
arbre en fleur dans le bois source dans le désert. »

Praia da Consolação (Plage de la Consolation),
10 juillet 1975

(extrait de « Je dis adieu à la terre de la joie »).




Un regret à la fin de ma lecture : que la poésie de Ruy Belo ne soit pas davantage traduite et publiée en France.

.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La main sur la charrue -

Heureux celui qui gère sagement
sa tristesse et apprend à la répartir sur les jours
Les mois et les années peuvent passer jamais elle ne lui manquera

Oh ! qu'il est triste de vieillir sur le seuil de la maison
de tresser de ses mains un cœur tardif
Oh ! qu'il est triste de risquer par d'humains retours
l'équilibre bleu des derniers matins de l'été
le long de la mer débordant de nous-mêmes
dans le très long adieu de notre condition
Elle est triste dans le jardin la solitude du soleil
il est triste de le voir depuis le bruit et les maisons de la ville
jusqu'à un vague soupçon de fleuve
et à la petite vie que l'on octroie aux ongles
Il est bien plus triste d'avoir à naître et à mourir
et qu'il y ait des arbres au bout de la rue

Il est triste de traverser la vie comme si l'on était
de retour et d'entrer humblement par erreur dans la mort
Il est triste de conclure en automne
que l'été était l'unique saison
Le vent solitaire est passé et nous ne l'avons pas reconnu
et nous n'avons pas su aller jusqu'au fond de la verdure
comme des fleuves qui savent bien où rencontrer la mer
(...)

.
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