L’[humour] absurde était un de mes thèmes fétiches, même s’il n’était pas toujours compris. Le second degré connaissait depuis plusieurs années des heures sombres en société, mais il me tenait à cœur, et je m’appliquais à lui rendre hommage par-ci, par-là. Le calembour était, lui, devenu tout à fait caduc, autant l’oublier. Mais pour ce qui était de l’autodérision, en voilà une valeur sûre, toujours modelable ! En la travaillant très consciencieusement, on pouvait affiner ses anecdotes pour en faire des chefs-d’œuvre de fabliaux (...)
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J’ai toujours aimé faire rire mes amis, ma famille, mes professeurs, les amis de mes parents, les parents de mes copains, les monos de ski, les fonctionnaires des services hospitaliers, les inconnus… Je pense même avoir déjà essayé de faire rire un chien ou deux.
Le simple fait d’être à l’origine d’un éclat de rire suffisait à me donner une bonne opinion de ma personne.
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C'est le week-end. Le moment où, durant deux jours consécutifs, les autorités déclarent avoir conscience qu'il faut que le peuple prenne un peu de repos, et qu'il doit récupérer.
"Je n'arrive pas à comprendre si tu es physique ou mentale. J'aimerais savoir si un médicament sera un jour à même de te faire la misère que tu mérites jusqu'à ce que tu ressembles enfin à la tache que tu es."
"Comme au Scrabble quand on est coincé : on demande à remplacer toutes ses lettres. En changeant de A à Z, j'allais peut-être me retrouver, "me sauver" ! "
Tout me revint alors en mémoire. La soirée, les coups bas, toute ma détresse, la confiance qui s'écroule, cette haine déployée contre moi, le trajet du retour, jusqu'à mon appartement, parlant seule, à mi-voix, en souhaitant leur mort à tous, en priant tous les démons. Ah, j'avais changé ? Oui, et ils n'avaient pas idée à quel point.