La Paix ! Non plus la paix incertaine, venue du dehors ; désirée, poursuivie durant les jours de notre brève existence sans que nous réussissions à l’atteindre ou, l’ayant atteinte, à la conserver. Mais la paix inébranlable, déposée en nous par une bonté souveraine, par une force plus grande que notre force, voilà le don, entre beaucoup d’autres, du Christianisme ; voilà ce que le chrétien le plus humble peut connaître et doit connaître, s’il est imbu de l’esprit évangélique, s’il possède réellement la foi c’est-à-dire, non pas uniquement des notions reçues passivement par l’esprit, mais une certitude tellement intime, assimilée si étroitement à l’être même qu’elle en devient la substance spirituelle, la vie, et qu’elle est en quelque sorte le ferment qui soulève et transforme notre pauvre, lourde pâte humaine.
N’est-ce pas qu’il est doux de se sentir entourée, enveloppée par cet immense Amour divin, de comprendre que le Père plein de bonté nous entraîne peu à peu vers les rivages éternels, d’en respirer parfois de loin les vivifiantes senteurs, et puis si la route se fait plus rude, si le Guide se voile à nos yeux, de nous abandonner, comme des aveugles spirituelles, à sa tendre direction, sans chercher à pénétrer ce qu’il nous cache et attendant dans l’oubli de nous et le sacrifice l’heure où sa chère présence se fera sentir de nouveau ? Après tout la terre n’est pas le Ciel et si nous possédions toujours les consolations surnaturelles elle y ressemblerait fort. Nous avons la grâce ; elle nous suffit pour attendre les joies de la Patrie désirée.