Sans y voir ses attraits, Iris d’un clair ruisseau
Regardait couler l’onde pure.
Près d’elle il murmurait, en gagnant le hameau,
Sans qu’elle entendît son murmure ;
Une douce pâleur à ses touchants appas
Semblait donner de nouveaux charmes.
Immobile et pensive, Iris ne pleurait pas ;
Elle laissait tomber ses larmes.
Mais un soupir enfin vint soulager son cœur.
Oh ! non, dit-elle avec douleur,
Non, non, Colin n’est plus le même.
En vain il me vante sa foi ;
En vain, s’il revient près de moi,
Touché de ma tristesse, il dit encor qu’il m’aime ;
Il le dit, et des pleurs reviennent m’oppresser.
Ah ! dans ses yeux j’ai trop su lire !
Il y pense pour me le dire ;
Il le disait sans y penser.
LA FORÊT
ÉLÉGIE
Empire du Silence, asile toujours sombre,
Le printemps qui renaît, rend son charme à votre ombre.
Le pin majestueux, le chêne, le cyprès,
Il va tout ranimer dans ces vastes forêts.
Déjà la source pure où la jeune bergère
Doit conduire, en chantant, ses timides agneaux,
Promène sur des fleurs son onde salutaire ;
Et déjà le chant des oiseaux
Annonce que l’Amour vient consoler la terre.
Vous qui fuyez mes pas sous la verte fougère,
Hélas ! timides animaux,
Des Cruels en ces lieux vous ont livré la guerre ;
Et lâchement armés d’un rapide tonnerre,
Ils ont de leurs fureurs fait gémir les échos.
Ah ! je n’ai pas comme eux une main meurtrière ;
Je cherche l’ombre et le repos
Dans cet asile solitaire ;
Combien sur l’aride bruyère
J’aimerais à vous voir bondir et folâtrer !
Tous vos besoins sont vrais ; chez vous tout est sincère ;
Près de vous je viens respirer.
Hélas ! dans nos cités, la publique misère
Accable mon esprit et déchire mon cœur.
Le malheur que je vois est toujours mon malheur,
Et parmi les humains ma vie est trop amère.
Assassin sans remords, sans honte, sans colère,
J’y vois l’homme, insensé plus encor qu’inhumain,
S’enorgueillir du sang dont il rougit sa main.
Ah ! du moins un moment dans ce lieu solitaire,
Loin des tombeaux sanglans dont il couvre la terre
Seule avec l’amitié, la nature et la paix,
Oublions ses malheurs, et surtout ses forfaits.
On ne quitte pas ceux qu'on aime,
On les emport dans son cœur.
L'amour embellit, pour plaire,
L'objet qu'il aime à chanter ;
Aussi tendre et plus sincère,
l'amitié peint sans flatter.
Pour un portrait de Henri IV
Il fut simple, éloquent, loyal, vaillant et sage ;
De Grand par son génie il mérita le nom ;
Mais si de tous les cœurs il a reçu l'hommage,
S'il fut pleuré, c'est qu'il fut bon.
Le souvenir de l'innocence
Est le plus doux des souvenirs.
Prends ta harpe, chantons l'amour et la constance.