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4.5/5 (sur 30 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 27/02/1989
Biographie :

Après avoir étudié la musique durant de longues années, Julien Teyssandier se consacre désormais à l'écriture.

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Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
Curieuse Estonie qui n'appartient ni à la Russie depuis que l'empire soviétique est mort, ni aux pays baltes en raison de sa langue finno-ougrienne.
Un pays dont j'ai cherché à épuiser le bleu comme on voudrait épuiser le matin de la terre. Un pays encore vivant, malgré le métissage qu'il a subi au cours du siècle dernier. Un pays où, à l'époque communiste, en dépit des menaces et des répressions qui s'abattaient sur les artistes suspectés de "formalisme", Arvo Pärt a pu s'exercer à la composition, mener dans une relative tranquillité ses recherches musicales avec Heino Eller, tendre vers un modèle occidental jugé décadent, dont le mélodrame Pierrot lunaire de Schönberg et l'opéra Wozzeck d'Alban Berg - déjà censuré par les nazis en raison de son antimilitarisme - ont jeté les premières pierres.
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On aime tous, à un moment ou l'autre de notre vie, fuguer ; soit pour quitter le chagrin, soit pour aller vers une solitude encore plus grande.
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Arvo Pärt quitte donc son pays d'un bleu hiémal qui aurait trop frayé avec la nuit et qu'il se refuse à voir comme une simple annexe de la Russie soviétique. Un pays, où à force de métissage, les Estoniens risquent de devenir minoritaires ; un pays où règne en maître le dieu Athée - bien évidemment socialiste.
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Ce que j'aurais adoré qu'il dessine :

les oranges du marquis de Sade
les lèvres boudeuses d'Eva Ionesco
l'oreille de Van Gogh
les bagues de Thelonious Monk
les trois tubes de barbituriques de Drieu la Rochelle
le mouchoir de Dieu
la petite croix autour du cou de Solveig
un autographe du Christ
les mains de Glenn Gould
le parapluie de Charlot
la baleine de Gadenne
le harpon de James Cook
les avions dans les tours du World Trade Center
la guitare de Gabriel Bianco
une éjaculation de Casanova
le club de golf d'un milliardaire
le revolver d'Al Capone
la barbe du capitaine Haddock
les peintures de Lascaux
la lunette de Galilée
un micro léché par la voix de Billie Holiday
le jeu de dames de Raymond Roussel
les briques Lego d'un enfant
la caméra d'Orson Welles
le silence de Kurosawa
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Je n’oublie pas que le marxisme et le nazisme, au XXe siècle, ont préfacé l’ère des génocides. Et quand je vois, aujourd’hui, de quelle façon la barbarie policière est autorisée à sévir sans être moralement condamnée, je me remémore aussitôt la parole d’Isaïe :
« Je ne puis voir le crime s’associer aux solennités. [...] Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux. Quand vous multipliez les prières, je n’écoute pas. Vos mains sont pleines de sang. » (I, 13, 15)
Le XXe siècle a été terrible pour l’Occident. C’est une évidence, et il serait complètement absurde de la nier. D’abord, il y a eu le renforcement de l’esprit grégaire par le biais du gigantisme démographique, mais aussi par une peur collective inconsciente devant la colossale puissance qu’incarne l’arsenal nucléaire. Ce dernier ne s’est pas seulement attaqué au nombre (contre lequel hélas aucune solution pacifique ne semble envisageable) ; il a tué, dans le déchaînement des forces caïnites qui venaient de placer le monde sous l’empire de la suprématie technique, la substance sacrée de l’homme. Les âmes ont disparu sous un déluge de feu et d’acier.
C’est la raison pour laquelle je n’appelle pas à la violence pour rien. Je n’ai que mépris pour les esprits de dislocation, tentés de combler un désespoir intime (le plus souvent lié à une impuissance sexuelle) dans une révolution qui viendrait les « masturber » quelques instants. Je respecte ceux qui foutent le bordel s’ils en ont vraiment chié ! La violence est parfois justifiée. Quand elle s’oppose, par exemple, à ce virus qui a contaminé le langage : la perversion du mensonge par la dialectique. Car le XXe siècle ne s’arrête pas au bombardement au phosphore de Dresde, ni à la bombe atomique sur Hiroshima, ni aux milliers d’exécutions sommaires à différents endroits du globe : ce fut aussi le siècle qui détruisit la parole. Et on en ressent encore les séquelles aujourd’hui, surtout quand on entend les médias à la solde du pouvoir minimiser les dérapages policiers à l’encontre des Gilets Jaunes et sombrer dans la lâcheté la plus totale. Emmanuel 1er n’est pas innocent. Et ce n’est pas en recouvrant d’un voile pudique la répression de l’État qu’on se garantit des puissances négatives à même de le combattre.
L’antijudaïsme fut un effort violent visant à séparer l’homme de ses attaches théologiques. Désormais, c’est la dictature de la Finance qui nous livre sans défense aux seules puissances de l’immédiateté matérielle. Qu’est-ce qui relie les deux ? Une parole offerte en sacrifice au démon du chiffre. Les numéros sur les avant-bras des juifs dans les camps, ces codes-barres de la mort, cette manière de les baptiser en les faisant appartenir d’emblée à un cheptel calculable destiné à l’abattoir trouvent leur écho dans les chiffres abstraits qu’on voit s’afficher sur les écrans de la Bourse Universelle et qui ont mis la Fleur Grecque sur la paille au profit de la fureur spéculative.
La comptabilité sordide du capitalisme bourgeois est un enfer. On ne peut pas vivre dans un univers entièrement soumis au chiffre. C’est juste impossible. Déjà au siècle passé, le nazisme fut une réponse à la décomposition morale de la société par le biais de la purification ethnique : le père Adolf, avec sa petite moustache pas du tout sexy, est venu câliner à la tribune les âmes boches en manque de perspectives pour le futur. Ça peut sembler terrible, dit comme ça, mais il ne faut pas se leurrer : le nazisme était une forme de consolation face à l’échec d’un monde déjà soumis à l’argent. Devenu le symbole de la pureté dans un monde souillé, il a obtenu la confiance du peuple jusqu’au triomphe de sa Cause dans les grands traits (pour ce qui est du détail, tout le monde en Europe s’est montré peu pointilleux). Plus d’intemporalité, mais la pesanteur temporelle. Plus d’expansion infinie, mais la réduction militante. Plus d’individualisme, mais la toute-puissance étatique qui jugulait l’énergie de la foule par ses excès sanguinaires. En libérant les profondeurs de l’interdit collectif, cette toute-puissance a ainsi nourri un feu souterrain qui ne manquera pas d’être repris un jour par les aspirants au pouvoir les plus extrêmes.
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C'est dans le silence, aux franges de la Mer intérieure qui lui donne sa parole, sur les rives du post-impressionnisme, que le bleu redonien rencontre son alchimie sonore, sa grande beauté, sa seule résonance. S'il donne parfois l'impression de mal maîtriser son trait, c'est pour mieux laisser éclater sous la couleur les vibrations du dessin. Ses ondes remontent de très loin. On est au fond des océans depuis des milliards d'années.
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On ne peut pas écouter n'importe quoi après un morceau d'Arvo Pärt. Souvent je n'écoute rien. (p. 147)
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Vénus ! La nymphe de Redon ! Son bassin donne l'impression d'onduler un peu dans sa coquille-sexe, fruit de mer étrange... Toute la naissance est dans ce mot ! Bassin ! Les hanches qui se tordent comme un swing déhanché... C'est mythologique ! Nu pâle qui n'est pas chaste, et encore moins innocent, ce tableau d'Odilon révèle beaucoup de choses sur son art. Ce n'est pas la pornographie sublime de Rubens, mais pas loin : on voit bien que la naissance du monde passe par le sexe.
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Marion regardait parfois le ciel, et ce qu’elle voyait du ciel ressemblait à sa vie : ces linéaments incertains qui s’effilochaient dans l’espace, c’étaient autant de moments qui s’accumulaient sans que rien ne vienne leur donner une forme véritable. Ces nuages qui filaient vers on ne sait où en se déchirant, c’était une écriture qui se noyait dans le blanc après l’avoir parcouru pendant quelques lignes. Des mots qui devaient dire une aspiration, un désir profond, toutes sortes de sentiments qui avaient besoin d’être clairement identifiés pour être autre chose que des mirages, pour s’incarner à travers quelque chose de sensoriel, de physique, pour lever l’inhibition qui la glaçait depuis des années.
Il lui fallait vivre, tout simplement. Mais elle en était incapable.
Tout ce qui chez Marion demandait une incarnation restait sans écho, les traits de son caractère fuyaient, les possibles perspectives qui s’offraient à elle s’éloignaient à vitesse grand V. Rien n’était fixé. Elle était sans visage. Et plus elle courait vers une sorte d’impersonnalité, moins elle se sentait exister.
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Il y a, chez Arvo Pärt comme chez Tarkovski, la même fascination pour le silence, le même besoin de partir des choses écrites avant soi.
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