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5/5 (sur 4 notes)

Biographie :

Cette revue est le deuxième numéro publié par le Collectif du même nom, collectif regroupant variablement depuis sa création au printemps 2021 entre 5 et 10 personnes réparties sur quelques continents.

Elle poursuit toujours la même stratégie : réactualiser et rediffuser progressivement l'outillage situationniste, tout en le dégageant progressivement de toute posture, en particulier idéologique.

Outre la revue, des numéros hors-série et des livres sont actuellement soit en chantier, soit en perspective.

(Pour se procurer le numéro 1 : Lien de téléchargement : https://bit.ly/2Z3zv59)

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
A quoi alors se raccrocher ? A cette certitude tranquille de la fausseté de tout.
Sa tranquillité peut cependant facilement être désorientée et malmenée, et laisser place à de violentes agitations intérieures, sans parler de la difficulté à assumer l’étrangeté dans laquelle elle nous place, face à la masse instruite des zombies responsables, qui hantent les couloirs du métro et des entreprises, portable à la main.
Ceux-là « jouent » quand ils n’ont rien à faire, car ils vivent sans temps morts et jouissent sans entrave de leur adhésion à la falsification universelle.
On leur a démontré savamment que leurs petites manies « ludiques » développaient leurs capacités cognitives, et leur aptitude à la concentration, leur faculté d’attention et d’adaptation, le tout en leur fournissant des modèles performants de réussite, de créativité et même de moralité.
Ils sont devenus algorithmiques et en sont fiers. Ils ont remplacé la sensibilité par des capteurs, la réflexion par des calculs, avec un disque dur à la place du cœur.
C’est vrai, la « gamification » fonctionne à merveille : elle permet de déjouer les pièges que nous tend la concurrence, saisir opportunément les armes qui se présentent, recevoir des gratifications du patron, gérer nos antiques émotions.
Bref, elle fournit le modèle universel, d’ailleurs spontanément adopté par la jeunesse mondiale, de la rentabilité. Vous pouvez en effet rendre rentables vos « pensées », vos « désirs », vos « rêves », votre « imagination » tout simplement en leur donnant le format d’un jeu vidéo, en vivant le monde réel sur ce mode ou, si cela s’avère quand même parfois un peu problématique, en intriquant et en superposant le réel et le virtuel jusqu’à leur confusion hallucinatoire parfaite.
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On joue beaucoup au paléolithique.
Sauf qu’entre l’art, la technique et le jeu, c’est la guerre ; il faut choisir. Et c’est la technique, déjà présupposée dans l’art et dans le jeu, qui offre le plus d’intérêt : une maîtrise tangible sur l’univers tangible. Ce choix oriente du même coup le regard sur l’intérêt lui-même. Ça devient sérieux : et on va moins jouer. Même l’art devient sérieux, c’est-à-dire intéressé, car il constitue une réserve inépuisable de réponses symboliques aux difficultés, aux fatalités, aux mystères que la nature réserve aux humains.
La relation symboliste à la nature peut donc prendre le relais de la relation technique, lorsque la technique est en défaut de maîtrise : et cette prise de relais, c’est encore une technique.
Ainsi s’opère le processus de séparation : la terre et le ciel se peuplent de symboles, et dans le temps même où la maîtrise technique augmente, où la culture laboure les terres mais plus encore les têtes, la relation naturelle est en perdition : l’ivresse de l’immersion ludique dans les profondeurs de la nature est supplantée par l’ivresse de la domination.
La fétichisation peut commencer. Elle va se déchaîner pendant des millénaires, jusqu’à aujourd’hui.
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Ce qui nous amène à résoudre l’haletante question que La Boétie posa à sa façon : pourquoi les hommes ne se révoltent-ils pas ?

La servitude n’est volontaire que tant que et parce que l’humain ne trouve pas d’issue. Il ne trouve pas d’issue parce qu’il a été divisé par ceux qui veulent régner.

D’abord divisé les uns des autres, puis divisé de soi à soi.

Son semblant d’unité tient à la cuirasse caractérielle qu’il s’est forgée dès l’enfance afin d’oublier - sous les coups répétés de l’ennui institué, des contraintes à la chaîne et des frustrations solitaires -, d’oublier l’innocence de l’être, la joie de vivre, le bonheur qui rebondit, le bouquet des merveilles qui s’offrait à ses yeux.

L’enfance veut se déployer au paradis, on lui inflige vite le b.a.-ba de l’enfer. Trimer, serrer les dents, faire bonne figure, tandis que la flamme s’éteint au-dedans.

La vie grise qu’on nous vend a toujours un arrière-goût de cendres.

Telle est la cartographie scientifique du zombie advenu, qui réclame notre indulgence et la mise en œuvre d’une stratégie adaptée, des fois que les apparences cesseraient de lui être trompeuses, ce qui lui pend au nez.
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Il ne reste plus sur terre que quelques ilots dégradés et en voie de disparition, qui pourraient encore présenter des traces résiduelles d’une autre réalité, certainement pas paradisiaque, mais où la falsification, dans ses formes superstitieuses et archaïques, n’a pas recouvert et investi l’ensemble des activités, la présence au monde, la sensation
d’être en vie.
Il ne reste plus qu’une étape à franchir, qui consiste à quitter définitivement cette présence et cette sensation.
C’est ce que promet le « metaverse ».
Il s’agit d’un transfert irréversible dans une nouvelle réalité, entièrement
spectaculaire au sens situationniste, c’est-à-dire entièrement illusoire-réelle.
Dans cette ultime version du « nouveau monde » déjà objet de tant de convoitises, le spectateur n’ est plus un spectateur mais un acteur, et le spectacle n’est plus un spectacle mais la réalité. Il n’y en a d’ailleurs plus d’autre.
Car on ne peut plus appeler réalité cette existence transitoire qui consiste à alimenter et entretenir par toutes sortes d’ersatz un support biologique devenu méconnaissable ; et pour tout dire encombrant.
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Nous nous définissons comme éclaireurs de tous les horizons libérateurs, quand tant d’autres sont jalousement occupés à maintenir à bonne température leurs « acquis » congelés.
L’émancipation dont nous esquissons les contours résiste à tout, s’élève au-dessus de tout et elle est le véridique point de ralliement de la nouvelle radicalité en formation sur cette terre.
Nous en avons trouvé l’empreinte. L’effondrement en libèrera les rayons.
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L’évasion perpétuelle.

Ce monde étant étouffant, et pas seulement du point de vue climatique, tout le monde a besoin d’évasion. La plupart la cherchent dans des marchandises légales ou non prévues à cet effet : films, mode, drogues, chemsex, etc. Ces « évasions » sont des enfermements et des addictions, et font circulairement partie du même monde.
Quelques uns s’évadent en imagination, c’est-à-dire s’imaginent s’évader, s’évadent imaginairement, c’est assez désespérant.
Il existe une autre voie : s’échapper des structures mentales et comportementales ; cultiver intensément l’esprit de vérité, dépolluer la sensibilité, aiguiser et affiner son attention, s’attacher à percevoir l’âme des choses et des êtres, percer et transpercer les apparences – qui sont toujours trompeuses -, développer ses antennes intuitives.
Et découvrir alors qu’il existe un autre niveau de réalité, qui n’a rien d’imaginaire, qui nous fait au contraire approcher, effleurer, entrapercevoir les reflets, les facettes, les saveurs, les contenus de ce qui se joue, se recycle, s’alchimise au-delà, au-dessus, au-dessous et à travers les apparences.
Cette alchimie du regard est alchimie de soi. Il ne s’agit pas de décoller vers un ailleurs, mais de laisser pousser ici-même de nouvelles perceptions, plus profondes, plus incisives, plus actives, plus récréatives. Être au monde autrement que le monde.
Se jouer des postures et démasquer les impostures ; esquiver, détourner, subvertir, distancer, transpercer ; se ressourcer, se renforcer, s’alléger. Mettre les pieds dans le plat comme on les pose sur un autre monde. S’acquitter des obligations de ce monde en étant quitte de l’obligation d’être de ce monde. Je suis là, mais non, mais oui, mais pas vraiment, ou plutôt vraiment-vraiment. Ce qui me nourrit, ce ne sont pas vos rituels, vos cérémonies, vos travaux, vos conventions, vos programmations, vos représentations, mais d’en saisir les mécanismes, d’en déminer les apparences, d’en déjouer les pièges, de me jouer de leurs étroitesses, de parcourir en un éclair et à l’envers le chemin qui mène de ces aliénations à ce qui s’est aliéné.
L’évasion perpétuelle peut cependant elle aussi se retourner en emprisonnement perpétuel, si elle vire à l’exercice esthétique, à la représentation, à la consommation, au temps partiel. Elle se doit d’être secrète et pourtant rayonnante, vide de toute ambition et plénitude de l’être disponible, arrachements qui s’enracinent, gouttes de jouvence à la mer enlacée.
La pierre n’est pas que ce qu’elle paraît mais aussi vibrations, fragment d’un chant, sensibilité qui rêve encore dans un sommeil profond. La prison qui limite ma liberté extérieure m’incite à ce geste intérieur libérateur : ne pas identifier ma liberté à cette extériorité. Cette liberté-là, j’en ai seul la clé, qui ouvrira la porte de la prison à la moindre occasion, mais pas pour m’enfermer dehors cette fois.
Ô Bouddha, j’ai compris ta leçon. Ô François, dépouillé comme toi, je vole à chaque pas. Ô Rûmî, le divin rayon a dispersé l’obscurité.
« Il fallait seulement savoir aimer » (Guy Debord).
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Description du processus (actuellement en phase terminale) :
Sur plusieurs décennies, une colonisation massive du vécu par des images, véhiculées par les marchandises, au point que le vécu devienne essentiellement consommation d’images. Production simultanée d’une vaste panoplie d’images avec leur mode d’emploi mimétique : les images sont livrées avec normes et contraintes et accompagnées d’une publicité intensive vantant la nécessaire rivalité généralisée dans l’identification aux images.
Lorsque cette colonisation du vécu a vaincu, c’est-à-dire lorsqu’elle s’est suffisamment emparée de la réalité, on observe la substitution progressive, méthodique, scientifique de la réalité par les images. Les consommateurs passifs des images de la société du spectacle (période allant approximativement de 1950 à 1990) en deviennent des acteurs, au sens théâtral : chacun est invité à jouer le personnage qui lui a été attribué. Vivre consiste alors désormais à faire vivre son image.
Une fois la réalité ainsi transformée de fond en comble, l’humain n’a plus, en surface, de lieu pour être et, en profondeur, n’a plus lieu d’être. Ses minces chances de survie impliquent alors de s’insensibiliser à sa propre misère existentielle ; mais cette insensibilité est sa misère existentielle.
On observe alors que toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent de telles conditions implacables de falsification s’annonce comme une immense accumulation de zombies.
Les personnes ayant conservé leur sensibilité sont contraintes d’immigrer : certaines immigrent géographiquement, mais il n’y aura bientôt plus nulle part où aller.
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Nous marchons dans la ville condamnée et nous marchons simultanément dans une autre dimension. Nous croisons surtout des zombies, un grand nombre d’égarés, quelques rares réfléchis, parfois des âmes libres, des rescapés. Nous nous intéressons à ce qui demeure humain, naturellement humain : l’enfant, les traînées d’innocence, la conscience activée, le bon sens qui subsiste, l’élan non calculé, le geste simple, etc. Nous détournons tout ce qui peut l’être, nous fracturons les carapaces caractérielles, nous nous immisçons dans les failles, nous pratiquons le don d’un sourire, d’une main, d’une évasion, d’une sagesse pratique, d’un changement profond et immédiat quand les circonstances s’y prêtent ou que nous parvenons à les détourner à cet effet.
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