Mais non. Eux, c'est plus des gamins, ils jouent plus au Monopoly depuis longtemps. Ils ont pris la mort de ma mère usurpatrice comme point de départ.
Alors que c'était l'aboutissement.
P. 53
Alors, pour la dernière fois, en fait, ce n'est rien d'autre qu'une fois de plus. Elle est comme les autres. Parce qu'elle n'est pas anticipée comme ultime, elle a la même sapidité que les autres. Ce n'est qu'après que, rétrospectivement, elle n'a plus la même saveur, la même odeur. Un goût d'amertume, un goût de regrets. L'impression d'être passé à côté, de n'en avoir pas exploiter toutes les ressources. Un gâchis en somme, puisque la dernière fois ne se présente pas en tant que telle.
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Tout ce qui brille
De mes premiers pas dans ma vie sociale, ma mère, Paula, fut fière de moi. Pour ne rien vous cacher, ça m'indiffère. La fierté, c 'est personnel. Je me suis vite rendu compte, que la fierté qu'elle éprouvait pour sa fille, la valorisait elle. Aucun rapport avec un quelconque sentiment qu'elle aurait éprouvé pour sa fille. La charmante Paula, à la démarche assurée et au port de tête hautain, arborait un sourire comblé dès qu'il était question de sa rayonnante progéniture. Incapable d'exprimer autre chose que sa propre satisfaction.
Mais ne crois pas que je t'ai abandonné de manière intentionnelle. A ma décharge, je ne suis pas une mère, moi, je n'ai jamais voulu ça.
Car comme tu l'as remarqué, remarquable lecteur, j'ai un problème avec l'abandon.
Sans doute une résurgence de mon histoire personnelle.
Pas besoin d'être psy pour décoder ça.
Et consécutive à ce phénomène normal (le confinement) surgit une autre étape, brutale, cruciale : le renoncement aux repères, le moment ou l'individu confiné pose cet acte délibéré de lacher-prise ce qui somme toute, n'est peut-etre rien d'autre qu'une façon d'admettre le processus naturel auquel il est soumis. Ainsi, la liberté qu'il exerce par son choix délibéré n'est rien d'autre que l'expression de son aliénation aux circonstances existancielles