Comme rien n'est vraiment simple avec Eric et Gilles, je me méfie un peu de la façon dont ils vont gérer le déménagement. Je tâte le terrain, sans en avoir l'air.
Ils n'ont pas de voiture et pas un rond pour en louer une. De toute façon ils n'ont pas le permis, donc c'est réglé. Je suis curieux de savoir comment ils vont s'y prendre pour trimballer les centaines - milliers ? impossible à dire - de sacs, les dizaines de cartons. La bonne nouvelle c'est qu'ils n'ont ni meubles, pas même un lit, ni électroménager, pas de frigo, pas de gazinière...
J'en profite pour leur demander ce qu'ils mangent, comment ils mangent ? Des conserves, froides. Et du pain. Beaucoup de pain, apparemment. ils ont bien un autocuiseur... mais il est dans un sac... hors de portée. Tout cela ne leur pose pas de problème, ils en rigolent même. Comme pour toutes leurs excentricités d'ailleurs.
Pour ce qui est du déménagement, ils ont prévu de transporter les sacs un par un. C'est bien ce que je craignais.
Eric entrouvre la porte à moitié et me demande de patienter avant de disparaître à l’intérieur. Comme pour tout avec ces deux là, ça prend des plombes. Il sort finalement la tête et me fait signe d’entrer. Je dois me faufiler pour franchir la porte, qu’il ouvre à peine. Une fois à l’intérieur je pige enfin pourquoi. Ou plutôt non. On se serre tous les trois sur un minuscule rectangle long comme la largeur d’un couloir, large comme un paillasson. Devant nous, à droite, à gauche, s’étale une mer de sacs plastiques, remplis et placés méticuleusement les uns à côté des autres.