Elle avait un corps à la fois athlétique et plantureux, le rêve des maigrichonnes comme moi. Les cheveux noirs, les yeux sombres et un
charme gitan. Sur son ventre découvert, elle exhibait, très près du pubis, le tatouage d’une petite étoile rouge.
J’aimais naviguer à la surface du marais, protégée par la pleine lune, les eaux profondes, les étoiles et une couverture de brouillard.
Au café Chez Nino, quelques petits vieux regardaient la télévision. C'est beau de voir les papys dans les bars. Tant qu'il y aura des papys dans les bars, la terre continuera de tourner.
La neige tombait en flocons très blancs, légère, elle me caressait presque. J’essayai d’allonger la langue pour la goûter. Je n’y parvins pas.
L’aube vint et tout se teinta de rose, comme la bague que mon fiancé ne pourrait jamais me donner.
En haut, sous le rebord du toit, on pouvait lire une inscription de style Art nouveau en lettres peintes écaillées : Nuovariva. Le nom d’un port, et en effet autrefois c’en était un. On pouvait voir des radeaux chargés de marchandises poussés par des hommes au moyen de perches qu’ils enfonçaient dans la vase. Le comble c’est qu’aucun d’entre eux n’avait jamais vu la mer. Il existe des horizons plus vastes, mais en cet endroit de la basse plaine, c’est difficile à imaginer. Nous sommes l’eau, la terre et le ciel.
J'aimais naviguer à la surface du marais, protégée par la pleine lune, les eaux profondes et une couverture de brouillard.
Déjà à l'époque, j'avais ce caractère rebelle. Si une vérité tombait prisonnière des brumes, je voulais la libérer.
J’aimais naviguer à la surface du marais, protégée par la pleine lune, les eaux profondes, les étoiles et une couverture de brouillard. J’avais du mal à gouverner mon embarcation, une coque de noix en osier, qui supportait tout juste mon poids et celui de mon chien Brigida. Je poussais la perche dans la vase et je filais à toute vitesse parce que, bien qu’étant seulement une fillette chétive, j’étais forte et obstinée. Déjà à l’époque, j’avais ce caractère rebelle. Si une vérité tombait prisonnière des brumes, je voulais la libérer.
Tieta Luna était très belle. Elle avait un corps à la fois athlétique et plantureux, le rêve des maigrichonnes comme moi. Les cheveux noirs, les yeux sombres et un charme gitan. Sur son ventre découvert, elle exhibait, très près du pubis, le tatouage d'une petite étoile rouge. "Une nuit, j'ai rêvé que Che Guevara m'embrassait, juste là, sans enlever son béret, il a laissé son empreinte", m'avoua t-elle, une fois, en veine de confidences.