Elle faisait vivre leur imagination à travers des histoires. Elle leur transmettait le maigre savoir qu’elle possédait.
Néanmoins, tout semblait se ternir irrémédiablement. Quoi qu’elle fasse, la perte, la douleur et la violence gagnaient du terrain. Elle avait pu le voir dans les yeux de ses frères et sœurs.
Finiraient-ils tous par oublier ce que c’était que d’imaginer, de rêver et d’espérer ?
Roc se racla la gorge et demanda à Wendy :
— Peut-être expliquer ce que veut dire fierté...
— La fierté c’est... c’est... C’est se sentir heureux, dit-elle. C’est se coucher le soir en sachant qu’on a mérité le repos. C’est faire des choses bien, pour lesquels on est doué. Sentir qu’on sert à quelque chose, qu’on est courageux.
Wendy était leur enchanteresse et son pouvoir infini faisait fleurir leurs esprits, germer des bourgeons de pensées nouvelles et bâtissait de nouveaux horizons.
Tout cela grâce aux mots.
— Platon disait « l’amour est aveugle », affirma Wendy.
— Je sais pas qui est ce Plateau, mais je dirais aveugle, sourd et complètement défraqué ! balança X en remontant sur son cheval.
— En fait, je pense qu’elles sont encore là, les étoiles, mais nous avons perdu le droit de les voir. Probablement qu’on ne le méritait plus.
— Tu peux changer de nom. Tu peux te peindre le visage, te tresser les cheveux, ça changera pas qui tu es au fond.
Les histoires étaient un baume sur les plaies et faisaient temporairement oublier la cruauté du monde.
Le savoir est ce qui nous différencie des animaux