Tobor se souvient que depuis que Tune a eu accès à ce bâtiment, sa petite mosquée, sa bibliothèque, en compagnie de son père, il s’y est toujours senti serein, en paix, comme si passer du temps dans la bibliothèque était pour lui un moment privilégié et exaltant : des livres tapissant les murs du sol au plafond, la lumière douce des rayons de soleil pénétrant par les lucarnes. Le silence. La possibilité de s’installer sur les couches de tapis superposés à même le sol, ou à une petite table exhalant l’odeur du bois, pour lire des livres de théologie et surtout d’astrologie dont certains datent de plusieurs siècles. Tobor comprend bien ce plaisir immense, indescriptible qu’éprouve son frère Tune à feuilleter, déchiffrer les schémas, les matrices, lire et relire les théories, les commentaires…
Je complète donc cette pseudo-projection statistique en y intégrant les retards et les attentes dans différents lieux ou pour différents services à la population : au hasard, les retards et les attentes d’accueil ou de traitement des demandes de la population dans une partie des administrations, des tribunaux, des hôpitaux, des transports en commun, des taxis…La conclusion est affligeante ! Des années perdues pour ceux et celles qui attendent, à cause de ceux qui prennent leur temps et exercent ainsi leur pouvoir !
« Pour avoir interrogé un jour ma mère sur le choix de mon prénom, j'ai eu pour seule réponse la précision suivante : "Kalthoum a perdu un fils qui s'appelait Brahim et tu as hérité de son prénom" »