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4.13/5 (sur 8 notes)

Nationalité : Nouvelle-Calédonie
Né(e) à : Nouméa , le 15/12/1959
Biographie :

Frédéric Ohlen naît à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) le 15 décembre 1959. Les siens arpentent la Nouvelle-Calédonie depuis six générations. Sur son arbre généalogique, des émigrants allemands, des déportés de la Commune. Il grandit dans la dernière ferme de sa ville natale, en des lieux où la brousse et l'espace urbanisé s'entremêlent plus qu'aujourd'hui.

Très engagé dans la vie culturelle calédonienne, il est en 1989 à l'origine du concours de science-fiction TranspaSci-Fique, mais également du Prix Orphée de poésie. Son engagement au service de la création sous toutes ses formes, comme de la promotion du livre et de la lecture se traduit par de nombreuses initiatives : ateliers d'écriture ; édition d'ouvrages collectifs ; participation à des soirées littéraires dans le cadre du Printemps des poètes et autres événements, etc.

En 1998, il fonde les éditions L'Herbier de Feu, qui comptent, sept ans plus tard, vingt titres à leur catalogue, s'inscrivant pour la plupart dans le champ poétique. Parmi les auteurs publiés, des écrivains kanak de la génération montante, tels que Pierre Gope ou Paul Wamo.

Frédéric Ohlen est fondateur et président de l'Association des éditeurs et diffuseurs de la Nouvelle-Calédonie, membre de l'Association des Écrivains de la Nouvelle-Calédonie, chevalier des Palmes académiques et lauréat de plusieurs prix littéraires en Nouvelle-Calédonie. Il est membre du Centre de géopoétique créé en 2005 à l'initiative de deux écrivains de la Nouvelle-Calédonie, Nicolas Kurtovitch et Catherine Laurent, en lien avec l'Institut international de géopoétique fondé par Kenneth White en 1989. Il a créé en 2005 l'ADAMIC, Association pour le développement des arts et du mécénat industriel et commercial avec le même souci permanent d'œuvrer au rayonnement culturel de la Nouvelle-Calédonie.

La poésie est au cœur de son itinéraire d'écrivain. Il n'en explore pas moins d'autres champs littéraires : deux recueils de nouvelles, Brûlures et Premier sang, qu'il compose comme les fragments d'un cycle appelé à s'achever avec deux titres à venir, Les Cerfs-volants et La Huitième Trompette ; une courte pièce de théâtre, Duo, parue dans un recueil collectif.
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Source : http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/ohlen.html
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Vidéo de

Un coup de maître ! France Ô, Dominique Roederer, "Paris-sur-Mer", 10.04.2014. http://www.la1ere.fr/emissions/paris-sur-mer/actu/quintet-de-requins.html


Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Clouées sur place à Ducos, nous n'étions plus, hélas, dans l'action véritable. Nous avions délaissé trop vite le matérialisme historique, préféré lier notre sort à de vagues conjurations.
Trop de sang en nous, sans doute, trop d’instinct. Et que faisons-nous d'autres à présent, sinon emmieller le monde pour le rendre buvable ? Guère mieux qu'une vulgaire teinture alcoolique d'opium pour faire passer la pilule....
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Nous rentrons. Trop tard. Le mal est fait. On distingue des formes dans l’eau. Trois corps. Autour, des éclaboussures. Des masses noires qui vont et viennent. Je détourne les yeux. Billy est furieux. Il lève le poing. Insulte le Ciel. "Such a lot of rascals!" lance-t-il en direction des voiles qui s’éloignent. Il ne décolère pas. Une fillette a réussi à s’enfuir. Toute la tribu s’assoit, fait cercle. Ils l’entourent. Elle, reste là, debout. Ses longs cheveux plaqués dans son dos. Au bout de chaque mèche, une goutte. Des questions fusent. Et chaque perle frémit au bout de sa vrille, finit par glisser quand elle se décide. Elle se redresse. Un mouvement tournant du buste. Les pendeloques salées de ses mèches nous baptisent. Elle parle par saccades. S’étouffe. Recommence. J’essaie de traduire ce flot brisé, ces propos hachés. De coudre ensemble ces fragments. Impossible. Ça n’a aucun sens. Parfois, au beau milieu d’une phrase, elle s’arrête. Sa bouche s’ouvre. Mais plus rien n’en sort. Elle tremble. Avale sa salive. Regarde ses mains. On dirait qu’elle vient de naître. Qu’elle voit le monde pour la première fois. Une odeur d’iode, de mer chaude coule de sa chevelure. Je ne sais trop comment interpréter ses silences, ces blancs peuplés de frissons. Pourtant, chaque mot de la rescapée nous transperce.
---
Je vais les tuer tous !
Ils m’ont attaché bien sûr. Pieds, poings liés. Aussi étroitement qu’un porc qu’on va sacrifier. Un régime de faveur pour les fortes têtes. J’essaie quand même. Je demande à l’eau de se lever. Je la supplie de briser le bateau. De nous envoyer par le fond, car tout vaut mieux que le sort qu’ils nous réservent. L’eau ne m’écoute pas. Brise favorable. Beau temps insolent. Les rêves font ce qu’ils veulent maintenant. Le monde est muet. Plus de whale-boulouk. La seule baleine que je connaisse désormais, c’est celle qui nous a avalés. Le navire des Blancs. Un ventre où nous sommes entassés. Faisceau de poutres arquées comme des côtes. Utérus où nous sommes suspendus. À des crochets de fer. Des menottes. Qui pourrait dormir dans cette puanteur ? Dans cette étuve qui nous cuit tout le jour ? Avec toute cette masse humaine alignée, qui se tortille, s’agglutine, me rappelle sans cesse où je suis, me ramène à ma fierté blessée, à ces flaques d’urine sous nos cuisses.
Je suis quarante et je suis seul. Un animal qui chante. Chiale. Un son bas, profond qui entre en résonance avec les crânes, cherche le point de rupture. Fait vibrer un muscle inconnu. Certains marins craquent. Ils nous menacent du fouet. Alors ce cri, nous l’enfouissons dans notre poitrine.
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Combien sommes-nous maintenant ? Trente-cinq ? Vingt-cinq ? Je ne sais plus. Je perds le compte. Tout me fatigue. Penser. Manger. Marcher. Me souvenir. Le plus souvent, je gis à plat, sans souffle ni rêve, insensible à la morsure des puces. Je dors de moins en moins. Je vois des choses. Des lueurs vagues. Des silhouettes. Billy ? Je sens des parfums. Des odeurs d’herbe fauchée. De pluies. De poussière. Le grondement du volcan quand toute l’île se réveille, monte à ses noces de pierre. Une chaleur m’envahit. Réchauffe mes mains. Non, ce n’est pas la terre qui tremble, ni le train de la houle ni le branle-bas des vagues. La gigue des marins qui boivent et font la bringue. Non, sous les solives de chêne, la présence enfin me répond.
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Nous voici arrivés. On nous a disposés en cercle. Chacun à sa place. Certains vacillent. On les maintient debout. Beaucoup de gens veillent à ce que tout se passe bien. Le géant, lui, on le pose par terre. On le pare, comme on nous a parés, là-bas sur l’autre île. On l’habille. Il est désormais couvert de bijoux. Prêt à reposer sous la haute pierre dressée au bout de la fosse. On voudrait que le chef dorme bien, là. Qu’il y reste. Qu’il ne revienne pas. On ne sait jamais.
Nous aussi, on nous a préparé un grand lit. Une couche confortable avec chacune sa pierre. Moi, j’en ai une aussi, serrée dans mon poing. Une espèce de griffe. Celle que j’ai prise avant de partir. Au cas où. Je sens bien quand l’eau murmure. Quand le monde se grippe et n’est pas d’accord. J’ai envie de crier : "Je n’ai pas sommeil !" Aucun son ne sort de ma bouche. On m’a fait boire avant de venir. Un liquide brun au goût de poivre. Et depuis, j’ai du mal à parler. À penser. D’ailleurs, personne ne parle ici. Tout le monde descend, puis va s’étendre à l’endroit indiqué. Une femme, une seule, se défend. Une à qui l’on serre très fort son collier. Après, elle se détend. C’est mieux ainsi. Mais non, je sais que ça ne l’est pas. Et pourtant, j’obéis. Je me couche. On tire sur moi la couverture. Il fait nuit. J’ai des papillons plein les yeux. Je devrais passer. Je ne passe pas. Je continue. Le froid m’envahit. Le goût du sable.
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....après la défaite. Je me réfugiai de cachette en cachette, soustraite à la folie des exécutions sommaires. Une sauvagerie délibérée, menée et organisée afin que, tous, nous perdions espoir. Traquée, sans ressource, ayant épuisé toutes mes facultés, toute mon empathie et tout mon amour, je résolus d'en finir.
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Je mis des mois à me remettre. Et encore, j'avais eu de la chance de sortir vivante du camp de Satory. Un lieu de concentration où s'entassaient les fédérés. Un plateau cerné de forêts où l'on procédait aux exécutions. cet ancien champ de manœuvres, dépourvu de commodités, n'était pas fait pour recevoir des centaines de prisonniers. Beaucoup étaient malades, blessés, affamés. Ils auraient eu besoin de soins, de soutien. Ils moururent de consomption en quelques semaines dans l'attente de leur jugement. Bon débarras !
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Préférez au noir d’encre
cette neige
que les pieds des passants
transforment en suie glacée
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Pour écrire
Ne couche
Rien

Desserre
Les doigts
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