Andrew Q. Gordon

Étant les favoris de Lenore, les licornes avaient une place de choix dans ses fascinations d’enfant. Malgré le passage du temps, il se souvenait qu’un cavalier invité par une licorne à la chevaucher ne pouvait jamais tomber.

— Puis-je monter sur ton dos, Nerti ?

— Tu es le bienvenu, Serviteur d’Honorus. Allons-y. Nous avons peu de temps et la route est longue.

Il grimpa sur son dos, cherchant sur les larges muscles durcis par la route jusqu’à trouver une position confortable. Avant de pouvoir glisser ses doigts dans sa crinière, une légère poussée d’énergie passa entre lui et Nerti, le maintenant en place. Ne sentant aucune magie, il décida que ce devait être de nature divine.

Avant qu’il n’ait le temps d’étudier le lien plus en détail, Nerti s’élança. Malgré la gravité de l’instant, un sourire étira ses lèvres. Les légendes ne pouvaient décrire à quel point il était incroyable de chevaucher une licorne.

Ils furent sept pour créer le monde, chacun jurant de ne s’occuper que de Son propre domaine. Jusqu’à ce qu’Un voulut être l’Unique.
La Grande Guerre des temps anciens commença lorsque Neldin voulut diriger le monde en utilisant les autres comme des pions. Il chercha à renverser son frère, Honorus, pour devenir le Dieu des dieux et assujettir les autres divinités. Lorsque son plan échoua, Neldin chercha à changer le monde en extension de Neblor en lâchant de sombres créatures. Il échoua de peu, car Kel, le Champion des Six, le vainquit. Le Grand Maître Kel détruisit le pont de Neldin entre leurs mondes et ferma les Huit Portails de Neblor, mettant ainsi fin à la guerre.

Farrell écarquilla les yeux.
— Le… l’Œil d’Honorus ?
— N’aie pas l’air aussi choqué, mon enfant. Pensais-tu que je ferais tout ce travail pour quelques bijoux et babioles ?
Il s’était attendu à quelque chose de valeur, mais l’Œil ?
— Non, mais un Cadeau des Dieux ? Cela va au-delà de toutes mes attentes.
— Je te suggère de garder tes superlatifs pour plus tard, tu n’as pas encore ouvert le cylindre.
D’une main tremblante, il rangea l’Œil dans son sac et attrapa le tube argenté que Kel lui désignait. Le capuchon céda facilement et il regarda à l’intérieur du cylindre. Reposant sur du velours rouge se trouvait un long sceptre argenté de trente centimètres, orné d’un cristal. Il pensait savoir de quel Cadeau il s’agissait. Alors qu’il sortait doucement l’objet du contenant, il regarda Kel.
— Le Bras de Khron.
Kel posa les mains sur le coffre.


(p 254)

— Farrell, tu rougis ?

Miceral se pencha sur sa droite et Farrell se tourna dans l’autre sens. Ne se laissant pas perturber, Miceral se tordit le cou pour lui faire face à nouveau.

— Ta nuque est rouge.

— Bien.

Il sentit ses joues le brûler d’autant plus.

— Oui, je rougis. Tes attentions, même si elles sont bienvenues, me mettent mal à l’aise. Je ne sais pas ce que je dois dire ou faire en réponse.

La prise de Miceral sembla se relâcher, mais il ne dit rien.

— Tu es censé l’embrasser, Sorcier, lâcha Nerti avec amusement. C’est ce qu’il veut.

Farrell baissa la tête pour masquer son expression. Comment, au nom d’Honorus, pouvait-il délivrer les nains ?
— Grand Khron, je ne comprends pas.
— TOUT SERA CLAIR LORSQUE TU PARLERAS AVEC MON GRAND PRÊTRE. IL T’ATTEND DANS LES RUINES DE MON TEMPLE. TOUT A ÉTÉ CACHÉ POUR LE JOUR DE LA RÉVÉLATION. ÉLU TU ES PAR MES ADELPHES, HONORUS, LENORE ET ARRITISA, ÉLU TU ES PAR MOI ÉGALEMENT. TU PEUX COMPTER SUR MA BÉNÉDICTION.
La silhouette de Khron commença à disparaître, de plus en plus transparente.
— ACCOMPLIS TON DESTIN, FILS DE LA MAISON DE KEL, LIBÈRE MES NAINS.

— Accroche-toi, Farrell.
Il caressa tendrement la joue de son époux alors que les larmes gonflaient ses paupières.
— On va te libérer.
L’océan s’agita à nouveau et un nouveau groupe d’Arlefors monta sur le navire. Lourdement armés et vêtus de la même robe verte que la prêtresse, ils se mirent en position de défense autour de la grande prêtresse.
— Notre Sainteté, Burcia, est arrivée, dit la prêtresse à sa droite avant de s’incliner.
Les autres Arlefors s’inclinèrent sans arrêter leur tâche. Marchant doucement derrière ses gardes, Burcia fit un signe de la tête à Teberus et aux autres sorciers.
— Sœur Gruta a expliqué tout ce qu’elle pouvait, mon oncle. Quelque chose à ajouter ?
— Gruta comprend autant que moi, c’est-à-dire pas grand-chose, admit Teberus avec un regard en coin vers Miceral. L’époux de Farrell est en contact avec les leurs. Ils essaient de trouver de l’aide.

— Je ne veux pas ruiner notre journée, mais j’ai terminé de lire le livre de Kel.
— Pourquoi cela ruinerait la journée ?
Il se pencha pour regarder Miceral dans les yeux.
— Je… Nous devons quitter Haven.
Miceral en resta bouche bée.
— Pourquoi ?
Il prit une profonde inspiration et regarda Nerti, qui s’était rapprochée du ponton avec Klissmor. Elle lui adressa un léger signe de la tête.
— Pour deux raisons. Tout d’abord, le livre de Kel est clair. Il a collecté des objets au nom des Six afin que je puisse les retrouver. Je dois aller les chercher, et ils sont cachés aux quatre coins du monde.
— Est-ce que tu sais ce que c’est ?
— Non.
Il déglutit.
— Je ne sais même pas précisément où il les a mis. Au visage de Miceral, Farrell sut qu’il n’aimait pas ce qu’il entendait.

— Ils sont presque là, tenez-vous prêts.
Bougeant trop rapidement pour que l’ennemi ne puisse réagir, Miceral passa le court escalier et trouva une zone cachée sur la dunette pour regarder les groupes d’hommes à portée de vue, à travers une étroite ouverture. À l’arrière du plus grand groupe, il vit quelqu’un qui, à en juger par sa tenue, devait être le second. Sans personne qui ressemblait à un capitaine, l’homme devint sa cible.
Il se leva d’un bond et jeta sa lance. L’un des pirates agglutinés près du bastingage tira une flèche que Miceral attrapa en plein vol. Il leur adressa un sourire moqueur en cassant la flèche en deux avant de se laisser retomber à couvert.

De nature, je suis un homme paresseux. Pourquoi crois-tu que je suis si gros… enfin, gros, pour un sorcier ? Si tu peux terminer notre travail plus vite sans mon aide, je serai heureux de te regarder et voir si je peux apprendre quelque chose.

Durant cette quête, tu trouveras ton âme sœur parmi ceux qui servent Lenore. N’aie nulle crainte d’accueillir cet amour, même durant ces périodes éprouvantes. La force peut se trouver dans l’amour d’un autre. Ne maintiens pas ces murs que tu t’es construits pour te protéger de la douleur. L’union entre le serviteur de Ma Sœur et toi vous apportera de la force dans ces tâches difficiles qui vous attendent tous deux. Vois cela comme Mon cadeau pour ta dévotion inébranlable envers Moi, et pour ce chemin sinueux sur lequel Je t’envoie. Que ton dur labeur et toi soyez bénis.